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Émission s24e02 − Echos of Wisdom
Le 22 octobre 2024, par Mortal







SteamWorld Dig

Sorti sur 3DS à la mi-2013, sur PC six mois plus tard, sur PlayStation 4 et Vita en mars 2014 puis enfin sur Wii U fin août 2014, SteamWorld Dig me faisait de l’œil depuis bien longtemps, mais pas au point de vider mes bourses aveuglément au tarif fort. Enfin, « tarif fort », relativisons… le jeu coûte entre 7,5 € et 9  € selon les versions. Mais, crevard parmi les crevards, j’ai sagement attendu un Humble Bundle pour me faire dépouiller d’un modique dollar. T’as tout compris : en traître, je vais te parler d’un jeu disponible sur Wii U et 3DS, mais en ayant joué uniquement à la version PC. Tu vas voir, ça ne change pas grand chose. Aussi, je n’ai pas terminé le jeu, mais tu vas voir que ça ne change toujours pas grand chose…

steamworld-start

Toi, tu creuses

« Le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont un pistolet chargé, et ceux qui creusent. Toi, tu creuses. »
(Le bon, la brute et le truand, 1966, chef-d’œuvre incontestable du cinéma de bandits à cheval.)

Comme l’indique le titre du jeu (dig signifie creuser, dans la langue de Butch Cassidy), tout son concept réside dans l’action de creuser, creuser, et encore creuser dans la mine jusqu’à ce que tes esgourdes n’en puissent plus d’entendre le bruit de la pioche qui égratigne la roche en quête de pierres précieuses. Le monde très vertical de SteamWorld Dig, généré aléatoirement, se découpe en plusieurs zones souterraines empilées les unes au-dessus des autres. Le petit robot qu’on dirige commence son périple à la surface, poussiéreuse, qui servira à la fois de point de sauvegarde (automatique), de raccourci vers les profondeurs (la téléportation dans l’Ouest lointain !) et de lieu où améliorer son attirail de robot creuseur.

Dans la monotone mine, l’action sera répétitive, et, pas de bol, c’est là que tout se passe : creuser soi-même ses galeries, à la pioche, puis plus tard au bras-perceuse, au lancer de poing explosif ou à la dynamite, tout en gérant ses ressources, c’est-à-dire la lumière (t’as vu, il fait noir, là-dedans) et la flotte, nécessaire au lancer de poing ou au bras-perceuse, et nécessaire aussi à la justification du titre du jeu pour que le quidam moyen pense qu’il découvrira un univers résolument steampunk : la flotte utilisée par le bras-perceuse, le lancer de poing et le saut accroupi (comme dans Super Mario Bros. 2 sur NES), ça fait de la vapeur (steam) quand ça chauffe. Steampunk, j’te dis !

Régulièrement, tu rapporteras à la surface ton butin pour gagner du pognon que tu dépenseras illico dans des améliorations (sacoche d’inventaire plus grande, lumière qui dure plus longtemps, pioche plus puissante…) ou des objets utiles comme une borne de téléportation pour retourner plus vite à la surface ou encore des échelles pour remonter un chemin mal creusé. Ton nouveau matos te permettras de t’enfoncer toujours plus profondément, poussant un soupir de soulagement à chaque (très) rare téléporteur découvert, continuant à creuser des galeries, mais pas inlassablement du tout – c’est vraiment pénible et lent de progresser dans ce jeu, même quand on est un robot –, investissant parfois même certaines grottes secrètes qui, contrairement au reste de la mine, ne sont pas générées aléatoirement.

Sur le chemin, tu tomberas sur quelques ennemis, pas plus variés que l’action du jeu ou l’environnement minier, plus ou moins retors et dont l’élimination te permettra de récupérer vie, lumière ou flotte. Les affrontements sont inintéressants, notamment parce qu’il est strictement impossible de donner un coup en l’air et que le bestiaire n’est guère distrayant. Du coup, chaque confrontation se ressemble et se résume à un pauvre face-à-face digne d’un mauvais jeu d’action NES.

On peut concéder au jeu ses quelques inspirations et idées : des robots, l’Ouest lointain, de la couleur, des jolis personnages, des musiques agréables (n’achetez pas la bande-son sur Steam, elle est dans les fichiers de la version PC), quelques mouvements bien sentis comme la course rapide ou le rebond sur les murs… Mais passer le plus gros de son temps à frapper la pierre pour progresser, c’est juste incroyablement pénible et rébarbatif, et ni l’histoire ni l’univers pas développés pour un sou ne motivent à poursuivre le forage, raison pour laquelle j’ai abandonné après 3 heures et 53 minutes, soit le temps qu’il m’a fallu pour gagner les 596 mètres de profondeur. Hop, désinstallation, 70 Mo de regagnés sur le disque dur (dont le tiers occupé par les sons et musiques, signe ici qu’il ne reste plus vraiment grand chose derrière).

Le stagiaire de chez PlatinumGames

Si d’aventure il te prenait la pulsion de tout de même choper SteamWorld Dig, choisis bien ta version : la 3DS apporte naturellement la 3D en relief (réussie, et visible sur les captures d’écran et la bande-annonce de l’eShop 3DS) et permet, comme le GamePad pour la version Wii U, d’avoir la carte et la sacoche sur l’écran inférieur. On s’interrogera cependant sur la gestion des armes et objets utilisables qui, étrangement, nécessite de poser son doigt sur les boutons de flanc (L et R) pour passer à « l’arme/l’objet suivant(e) ». Paradoxe : sur PC, il est possible d’assigner directement un bouton à chacune des armes (mais pas aux objets), alors que le tactile devrait justement servir à ce genre de fonctionnalités… À la place des armes et objets, l’écran tactile des consoles Nintendo affiche donc la sacoche et ses gemmes, ce qui est complètement inutile. Assurément, un stagiaire de PlatinumGames (un studio japonais qui mise généralement tout sur la jouabilité) se serait déjà fait sortir s’il avait aussi mal pensé l’utilisation d’un écran tactile.

steamworld-versions« Et si on permettait au joueur de consulter le pognon que va lui rapporter sa prochaine vente à la surface ? » Génial, dites donc !

 

SteamWorld Dig est le parfait exemple d’un syndrome parfois porté par le jeu vidéo indépendant, capable de pourvoir nos machines électroniques d’univers esthétiquement viables ou originaux, mais où les mécanismes de jeu, bâclés, auraient gagné en richesse à être confié à un stagiaire de PlatinumGames. Les critiques trouvées ici et , résolument généreuses (« coucou, je donne mon avis sur SteamWorld Dig en évoquant Castlevania et Metroid »), peuvent te faire tomber dans le panneau. Pour ma part, j’ai perdu un euro, mais j’ai conservé mes exigences en termes de mécanismes de jeu.

D’autres indices qui peuvent mettre la puce à l’oreille :

  • Image & Form, le studio à l’origine du jeu, nous explique (en anglais) à trois mois de la sortie de la version Wii U pourquoi celle-ci est la console idéale pour leur jeu : « Parce qu’on adore Nintendo, et parce que vous, chers fans, l’avez demandé ! Par contre, on n’a pas encore décidé comment utiliser le GamePad et on n’a pas pu avoir le stagiaire de chez PlatinumGames. »
  • Une entrevue sans consistance, que nous avons relayée à la sortie de la version Wii U.

La balance (pour peser le jeu, pas pour peser les pierres précieuses) :

Les plus

  • Les musiques ;
  • grâce à mon avis de connard, tu vas pouvoir plutôt consacrer ton temps à regarder Le Bon, la Brute et le Truand ;
  • et si t’aimes pas le cinéma, joue plutôt à Cave Story (WiiWare) ou Cave Story+ (3DS et PC) qu’à SteamWorld Dig.

Les moins

  • Pénible et ennuyeux ;
  • la version 3DS n’est pas en français (mais le jeu n’est pas verbeux) ;
  • perdre 1 $.

Par meduz'
Le 25 septembre 2014 | Catégories : Analyses

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