Je m'attendais à ce que ça marche du 1er coup
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Blueretro, l’adaptateur Bluetooth universel
Je trouve toujours aussi fascinant qu’en 2024, on arrive à trouver de nouveaux accessoires pour nos vieilles consoles qu’elles soient de salon ou portables. Que ce soit de simples pièces de remplacement, des plans pour imprimer en 3D de nouveaux boutons et accessoires, ou ce qui va nous concerner ici : un moyen universel de connecter n’importe quelle manette moderne (PS5, Xbox One, Switch, Joy-Cons, les manettes officielles N64, SNES ou NES de la Switch, Steam Controller et même le WiiU Pro Controller) via Bluetooth sur une veille bécane, de la NES à la GameCube (oui, la Saturn, la Mega-Drive ou encore la PC-Engine sont aussi disponibles, mais n’en possédant pas, je n’ai pas vraiment pu tester).
Blueretro est un projet open source de Jacques Gagnon, plus connu sous le pseudo de Darthcloud. Il s’appuie sur un contrôleur ESP32 qui sait normalement faire Bluetooth, Wi-Fi et deux ou trois autres bricoles et qui est bien connu parmi les bidouilleurs pour son adaptabilité en plus d’être franchement pas cher. Tous ces éléments font que n’importe qui peut proposer un adaptateur Blueretro, soit pour une console spécifique, soit sous forme d’adaptateur universel.
J’ai personnellement choisi l’adaptateur universel, Blueretro Core, disponible sur AliExpress. Ce dernier est fourni avec un « core » qui contient l’ESP32 et un gros connecteur qui va ensuite pouvoir se brancher sur une console via un adaptateur. L’ensemble se configure via un navigateur en Bluetooth (on y reviendra).
Dans les babioles, on reçoit donc un Core (le cœur du système où il y a l’intelligence) :
On n’a également les câbles pour toutes les consoles possibles et imaginables. Bon là, il y a de la NES à la GameCube, mais encore une fois, c’est disponible pour plein d’autres plateformes.
Il n’y a évidemment pas besoin de configuration pour les câbles, il suffit de les brancher directement dans la console correspondante. La seule vraie problématique de ce côté là, c’est de brancher le bon port sur le bon câble. Dommage au passage qu’il n’y ait aucune indication à ce sujet, il faut juste se fier aux photos : quand il est branché sur un adaptateur, le côté transparent du Blueretro Core doit vous faire face.
Concernant le Core lui-même, il faut y flasher un firmware, que l’on peut trouver ici. Vous avez le droit, au passage, de glisser un petit bifton dans le slibard de Jacques, je pense qu’il l’a largement mérité. Une fois téléchargé, il suffit de connecter le port micro-USB sur un PC et de se laisser guider par les instructions, en anglais, ici. Qu’on se rassure, c’est vraiment très simple et très bien expliqué.
Et une fois cette première étape franchie… et ben, c’est à peu près tout, il suffit maintenant de brancher le core sur un adaptateur, d’allumer la console, de synchroniser une manette et de profiter !
Ça, c’était la version simple : on branche, ça marche. Maintenant, peut-être que vous avez besoin d’un truc un peu plus spécifique. Peut-être que vous voulez par exemple changer la disposition des boutons pour un jeu en particulier. Ou peut-être que vous voulez tout simplement profiter des boutons supplémentaires de votre manette Switch ou Xbox One pour avoir une touche Turbo.
Et bien tout ça va se configurer directement depuis votre PC avec Chrome ou Chromium ou votre téléphone Android (et seulement Android) via le site web Blueretro.io, site officiel du projet.
Lorsqu’aucune manette n’est branchée mais que le Core est alimenté par une console ou par USB, on peut s’y connecter via Bluetooth directement depuis son navigateur et changer tout un tas de trucs !
Un exemple tout bête : par défaut quand on branche une manette Pro Switch sur une NES, le bouton A (NES) arrive sur le bouton B (Switch) et le bouton B (NES) arrive sur le bouton Y (Switch). Eh bien il est parfaitement possible dans Blueretro.io/advance de changer cet état de fait.
Mais bien sûr des dizaines d’autres paramètres sont accessibles :
Non, non, vous ne rêvez pas : vous vouliez jouer à Perfect Dark sur N64 avec clavier et souris, c’est possible avec Blueretro ! Bon, je ne vous cache pas que ça demande quand même un petit temps de configuration (et d’adaptation), mais c’est testé et validé par votre serviteur :
Si vous voulez vous faire une petite idée de la config pour votre manette/console préférée, la cartographie des touches par défaut est disponible dans ce document.
Tout cela est encore une fois très bien expliqué dans le manuel en ligne. Certes, c’est en anglais, mais il y a même de petites vidéos explicatives pour arriver à s’y retrouver.
Si Blueretro ne faisait que ça, ce serait déjà très très bien, mais évidemment il y a plus.
Les fonctions de vibration sont supportées pour tous les systèmes qui en disposent. Je n’ai évidemment pu tester que sur N64 et GameCube et le résultat est tout-à-fait convaincant (ça ferait presque oublier la Wavebird si ce n’était pas la meilleure manette de l’histoire de l’humanité). Bien évidemment, c’est un bête marche-arrêt comme à l’époque, n’espérez pas de vibration HD.
Le fait de pouvoir connecter une souris Bluetooth ouvre également la porte à pas mal de folies. Certes, il y a le cas des FPS que l’on peut jouer en mode PC (et c’est déjà assez fou quand on y pense), mais il y a aussi la compatibilité avec les souris N64 et SNES !
Concernant la N64, ce n’est pas la peine de se réjouir trop vite : seule une poignée de jeu 64DD sont compatibles avec la souris, et je n’en possède évidemment aucun, donc impossible de vérifier la compatibilité. Pour la SNES, je n’en ai qu’un seul et unique, je vous laisse regarder dans la section dédiée ci-dessous.
Et pour la N64 (et la Dreamcast, mais tout le monde s’en fout), les cartes mémoires sont également supportées. Le format utilisé est le format MPK, notamment utilisé par les émulateurs Project 64 ou Mupen64. Là encore, l’essentiel de la configuration se fait à travers l’interface Web, via Bluetooth.
Pour récupérer le contenu de la carte mémoire, il suffit d’aller dans gestionnaire correspondant Blueretro.io/n64_ctrlpak, se connecter et simplement récupérer le contenu :
Plus besoin de jongler avec les cartes mémoires, tout est géré sous forme de fichier qu’on peut très facilement sauvegarder, modifier, réinjecter, etc. Pour l’instant, Blueretro ne gère qu’une seule carte mémoire par manette, donc 4 au total pour N64 à condition d’avoir l’adaptateur idoine. Le projet étant toujours très bien maintenu, on peut peut-être espérer voir un système de gestion plus poussé arriver dans les mois ou années qui viennent.
Alors lui, au départ, il n’était vraiment mais alors vraiment pas bien parti ! Sur le papier : on branche et ça marche. Dans la pratique en le branchant, je me rends compte rapidement que quelque chose ne va pas : la lumière bleue est supposée pulser légèrement, là elle est éteinte. Et des commandes erratiques sont quand même envoyées à la console.
Premiers réflexes :
Bref, bidouillages, démontages, regardages, rien de rien. Je décide donc d’alimenter le Core via le port micro-USB plutôt que via la console seule. Et là, miracle ! Ça fonctionne parfaitement !
Il se trouve que j’ai un NESRGB installé dans ma console, il est possible que ce dernier pompe un peu plus de courant que ce qu’il devrait, il va probablement falloir que j’y jette un œil… Bon, ce petit problème (désagréable) étant diagnostiqué (au moins en partie), reprenons sur la NES.
Comme indiqué ci-dessus, la carto des boutons par défaut est la même que sur le Nintendo Switch Online. Personnellement, ça me convient parfaitement : on retrouve une position du pouce plus naturelle même que le pad d’origine et tout-à-fait agréable à utiliser.
Étant donné la grande quantité de touches disponibles par rapport aux deux de la NES, on peut se permettre d’aller faire quelques folies en doublant certains boutons, en ajoutant des turbos, etc. J’ai personnellement particulièrement apprécié le fait d’ajouter le stick en tant que croix : ce n’est évidemment pas analogique (la NES ne le supportant pas) mais ça fonctionne très bien et c’est très agréable sur les shooters.
On branche et ça marche ! La disposition des touches sur une manette de SNES étant identiques à celle d’une manette Pro Switch, il n’y a absolument rien à ajuster par défaut : la croix est la croix, les boutons de façade aussi, les gachettes sont des doublons des boutons de tranche (L=ZL, R=ZR), Start et Select sont évidemment sur ➕ et ➖ respectivement.
Comme pour la NES, on peut ajouter le stick gauche en remplacement de la croix pour profiter des shooters et des jeux de combat de la machine. Un petit quart de cercle est bien mieux exécuté sur un stick que sur une croix, à condition de bien régler la zone morte.
Pour ce qui est de la compatibilité souris, je n’ai malheureusement qu’un seul jeu compatible et qui n’est pas forcément le meilleur : Mario’s Super Picross. La configuration elle-même n’est pas bien compliquée : il faut sélectionner le préréglage Default Mouse dans Blueretro.io/presets pour la manette en Output 1 puis sélectionner la SNES comme console et Mouse comme Output 1 dans les réglages avancés Blueretro.io/advance. Comme pour une manette, il suffit ensuite de brancher le Core sur la console, d’allumer cette dernière, de pairer la souris (ici en l’occurrence un trackball Bluetooth) et c’est parti mon kiki !
Même si la compatibilité de Mario’s Super Picross n’est pas extraordinaire (un Mario Paint eût été bien plus parlant), le résultat est assez saisissant. Non seulement ça marche, mais en plus la réactivité est vraiment bonne !
On va enfin pouvoir faire les foufous et jouer à Mario Paint sur SNES avec une souris de Gamer à 500 € !!
Alors là, ça se complique un petit peu. Par défaut, la cartographie des boutons dans Blueretro est « visuelle » : l’idée est de pouvoir superposer la manette d’origine et la manette moderne, même si cela va en dépit des indications écrites sur la dite manette d’origine. C’est logique quand on pense à la portée du projet : une manette de PS4 ou de PS5 peut parfaitement être utilisée sur GameCube, N64 ou SNES, sans que cela pose aucun problème, mais il faut bien trouver une méthode pour que la translation fonctionne correctement.
Et c’est là que l’on va avoir un problème avec la N64 : tout comme pour le N64 Online, le bouton B (N64) atterrit sur Y (Switch), le bouton A (N64) sur B (Switch), le bouton C-bas (N64) sur A (Switch) et le bouton C-droite (N64) sur X (Switch). ZL/ZR (Switch) font tous les deux office de Z (N64) et la croix et les boutons L et R (N64) sont repris tels quel. Le stick droit a également une réplique des boutons C.
Et à l’instar du N64 Online, pour les jeux bien foutus comme, au hasard, Super Mario 64, ça marche pas mal, pour les jeux un peu moins bien foutus comme, au hasard, Lylat Wars/Starfox 64, c’est un peu plus problématique. Ce n’est évidemment pas la faute de Blueretro : la N64 a en réalité 6 boutons de façade et les boutons C ont par conséquent souvent été utilisés pour compenser le manque de boutons d’action.
Jouer à The Legend of Zelda: Ocarina of Time avec cette configuration par défaut est un casse-tête assez infernal et la reconfiguration devient alors nécessaire si l’on veut jouer avec une manette plus traditionnelle dans sa disposition de touches. La N64 est une console particulièrement récalcitrante et donc une manette officielle N64 pour Switch (a priori compatible, je n’ai pas pu tester) ou une manette tiers peut, dans certains cas, être la seule solution viable.
Là encore, conscient que le problème est de taille, Blueretro propose une solution : de nombreux préréglages sont disponibles pour venir agrémenter des cas difficiles. Il y a par exemple un préréglage permettant de jouer à GoldenEye ou Perfect Dark en configuration Solitaire 1.2 ou même Solitaire 2.2 (configuration d’origine avec deux manettes et deux sticks analogiques ici retranscrite pour une seule manette). Il y a d’autres réglages pour les rares jeux de combat de la machine (Killer Instinct Gold ou Fighter’s Destiny), d’autres encore pour les jeux de course.
Bref, on sent bien que la N64 est probablement la machine la plus compliquée pour ce genre d’opération, mais encore une fois Blueretro s’en sort haut la main grâce à sa personnalisation très poussée. Ça demandera un effort supplémentaire mais il est quasiment impossible de ne pas trouver de solution, soit dans les préréglages, soit en bidouillant soi-même.
Vous avez déjà pu voir plus haut que la gestion des cartes mémoires se faisait très bien. Malheureusement, cela a un inconvénient : passer de la carte mémoire au kit vibration exige de repasser par l’interface Web pour les échanger. Or, repasser par l’interface Web nécessite de déconnecter toutes les manettes pour pouvoir y connecter son navigateur. Ça fait beaucoup d’opérations là où l’échange sur N64 prend littéralement 10 secondes. Autant vous dire que dans ces conditions, passer de l’un à l’autre dans les jeux qui supportent les deux est une opération qui devient rapidement fastidieuse.
Dernier défaut : il arrive de temps en temps, sur certains jeux, que l’on ait l’indication « Aucune manette branchée » à l’écran titre (Ocarina of Time par exemple ou encore Lylat Wars). Je ne sais pas exactement d’où vient l’erreur (peut-être simplement le temps de connexion Bluetooth), mais il suffit en général d’appuyer sur le bouton Reset de la console pour que cela disparaisse.
La seule raison qui devrait vous autoriser à utiliser autre chose qu’une manette GameCube sur GameCube, c’est le prix des Wavebirds. Blague à part, la manette sans fil de Nintendo est devenue plutôt difficile à trouver sans dépenser un demi-rein et le fait qu’elle ne vibre pas peut potentiellement en rebuter certains (et je dois reconnaître que ça manque un peu sur certains titres).
Ici la cartographie de boutons superposables va aussi poser quelques problèmes : A (GameCube) devient B (Switch), B (GameCube) devient Y (Switch), Y (GameCube) devient X (Switch) et X (GameCube) devient A (Switch). Z, cette touche particulièrement pas pratique, est reporté sur L & R. Évidemment, vous pouvez oublier les gachettes analogiques et leur fabuleux clic en fin de course.
Alors autant pour beaucoup de titres, et là je pense notamment aux titres tiers, l’adaptation se fait plutôt bien, autant pour certaines exclues, c’est quand même un peu la galère : l’absence de gachette analogique fait très très mal sur un Star Wars Rogue Squadron II: Rogue Leader, l’impossibilité de faire « rouler » son pouce vers le bouton Y ou X tout en maintenant A dans F-Zero GX est parfaitement insupportable.
Et c’est sans compter sur ce réflexe pavlovien qui consiste à appuyer sur le A (Switch), quand il y a écrit A à l’écran alors que c’est sur la touche B (Switch) que ça se passe.
Je suis certain qu’avec un peu de temps, et peut-être un pad Xbox One pour profiter des gachettes analogiques, on doit pouvoir s’y habituer, personnellement, je reste sur la manette standard, tant pis pour Blueretro !
Comme déjà précisé plus haut, le fait de passer par une interface Web pour régler tout ça est quand même une facilité non négligeable : ça permet de très rapidement faire les ajustements nécessaires sur l’ensemble du système, de tester une carto de boutons, etc. MAIS la configuration n’est accessible que si aucune manette n’est branchée dessus.
On a donc obligation de faire les réglages avant de brancher quoi que ce soit, ou de tout débrancher pour faire un changement. Les réglages en eux-mêmes (carto, accessoires, etc.) sont bien persistants, et par console en prime ce qui est non-négligeable si l’on utilise qu’un seul Brueretro Core, mais chaque changement est du coup un peu relou. Certes il y a les préréglages qui permettent de gagner un peu de temps pour les configurations les plus tordues. La N64 est particulièrement représentée d’ailleurs, ce qui tend à confirmer que c’est une des consoles les plus récalcitrantes dans ce type d’exercice. Malheureusement, je n’ai pas l’impression que l’on puisse ajouter/sauvegarder ces propres préréglages. Il reste bien sûr la possibilité d’aller bidouiller le code du projet, puisque tout est ouvert, mais ce n’est tout de même pas à la portée du quidam moyen.
Cela va donc couvrir de manière satisfaisante 99% des besoins mais il va rester quelques petits aléas quand on commence à pousser la configuration dans ses derniers retranchements. Maintenant, le suivi du projet est assez impressionnant, la communauté est assez active aussi, donc ces (tous) petits défauts seront probablement corrigés ou contournés.
Pour finir, la qualité générale de ce qui est disponible chez Blue-retro.com (qui n’est pas du tout affilié au projet) est un poil discutable :
Maintenant, côté prix, on est quand même sur du très concurrentiel : pour un Core et quelques câbles avec les frais de port, je m’en suis tiré à moins de 50€. Étant données les fonctionnalités offertes à ce prix-là et tous les points positifs évoqués au-dessus si vous avez le besoin, franchement, il ne faut pas hésiter.
Merci à Axel RANNOU d’avoir tenté de me prêter un clavier Bluetooth pour le test Perfect Dark.
Merci à Konino pour avoir vérifié la tension en sortie des ports manette de sa NES pour que je puisse comprendre ce qui n’allait pas sur la mienne.
Merci à IlDottore pour la même raison.
Par Mortal
Le 27 mai 2024 | Catégories : Editos
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