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De la stratégie de Microsoft

Germe donc l’idée que Microsoft pourrait bien conquérir aussi facilement le milliard de télévisions dans le monde, presque aussi facilement que les 100 millions d’ordinateurs.

Naissance d’une idée

Pour commencer cet édito, j’aimerais rapeller un fait intéressant. Juste avant le lancement du développement de Windows Media Center, les représentants de Microsoft font une annonce qui passe complètement inaperçue, mais qui prendra tout son sens dans les mois suivants : Microsoft ne s’intéresse pas aux ordinateurs, Microsoft s’intéresse à la télévision.

Le calcul est en effet rapide : 100 millions d’ordinateurs dans le monde, 99.9% sont équipés de Windows, Microsoft n’a plus vraiment de marchés à conquérir et se contente de gérer son monstrueux porte-feuille de clients. Par contre, il y a presque 1 milliards de télévisions dans le monde. Et si on pouvait, comme par magie, brancher Microsoft sur tout ça ? On ferait assurément beaucoup plus d’argent qu’en essayant de diversifier une gamme de produits sur PC. D’autant plus que les coûts de développement sur PC sont élevés (configurations variées, concurrence rude dans certains domaines, etc…) alors qu’une bête télévision, il ne faudrait pas grand-chose pour arriver à mettre du Windows dedans…

Germe donc l’idée que Microsoft pourrait bien conquérir aussi facilement le milliard de télévisions dans le monde, presque aussi facilement que les 100 millions d’ordinateurs.

Dans le grand bain…

Seulement voilà, avoir une idée comme ça, c’est bien, mais encore faut-il avoir les moyens de la concrétiser… Microsoft décide alors de tenter le rachat d’une société bien implantée dans le domaine (celui de brancher des trucs sur des télés), avec une solide expérience, et surtout beaucoup plus petite que Microsoft, c’est tellement plus pratique à appâter. Microsoft décide donc de faire une proposition de rachat à Nintendo. La nouvelle ne nous est parvenue que quelques années plus tard et sans aucune conséquence. Les dirigeants de Nintendo ont dit avoir pris très au sérieux cette proposition mais l’avoir refusée pour d’obscures raisons.

Qu’à cela ne tienne ! Microsoft possède quelques studios de production de jeux vidéo déjà, est propriétaire de la performante technologie DirectX et a des moyens de pression sur tous les fabricants de ce secteur. Bref, Microsoft peut se lancer seul dans la cour des grands, sans l’aide de personne. Et c’est ce que Microsoft va faire.

Seulement voilà, on ne peut pas faire mouche du premier coup et la faible durée de vie de la XBox atteste du succès en demi-teinte de Microsoft. Baisse de prix à répétition, nombreuses attaques de hackers en tout genre, la XBox a pas mal souffert mais a ouvert la voie : maintenant quand vous regardez votre ordinateur, c’est Microsoft ; quand vous regardez votre télévision, c’est Microsoft !

Ainsi, le géant américain se permet de devenir le centre indispensable des loisirs. Parce qu’être le centre des loisirs, ça rapporte… gros… Mais il y a pas mal d’autres moyens de faire de l’argent.

Le online, la "poule aux œufs d’or" de la XBox

Faire payer cher une console, c’est une stratégie qui coûte cher. Microsoft en a fait les frais, en sortant la XBox a un prix exhorbitant, et a été obligé de baisser ce prix très bas. Pour les jeux non plus, au départ, ce n’est pas la fête : tous les jeux XBox sont 10€ plus chers que sur les autres consoles.

Mais les responsables de la division savent bien que ce n’est pas ça qui rapporte le plus. Ce qui rapporte le plus, c’est d’arriver à trouver un moyen d’abonner le client à un service. C’est la naissance du XBox Live!, le premier online sur console qui apparaît comme un vrai service supplémentaire inclus.

Maintenant Microsoft a sa source continue de revenus.

Vers le vidage de poches complet ?

Avec la XBox360, on pourrait se demander si Microsoft n’a pas légèrement dérapé dans sa stratégie. Si vous me suivez bien depuis le début, Microsoft veut s’imposer comme le maître incontestable des loisirs et pourtant, pour la 360, ils font le choix de la HD, une norme encore peu répandue et plutôt onéreuse. Mais avec la Coupe du Monde 2006 et les prix en chute chez les fabricants, nul doute que le renouvellement de la télévision familiale se fera en HD dans les 5 à 10 ans qui viennent.

Le choix de la 360 comme console peut paraître alors logique : elle permet de profiter du reste du matériel que l’on possède. Et elle justifie un prix encore plus exorbitant pour le consommateur que ce soit au niveau des jeux ou du matériel. Le prix du moindre accessoire 360 (officiel tout du moins) est d’au moins 30€. Bien sûr, le XBox Live! est toujours là et même si le système s’est un peu assoupli, il a toujours le même but : ponctionner le compte en banque du joueur une fois par mois. Je ne vais pas critiquer la qualité du service, qui est très bonne, mais de nombreux développeurs ont déjà réussi à démontrer que le jeu en ligne ne nécessitait pas forcément un abonnement s’il était bien construit.

Mais cela ne suffit par pour Microsoft… Cela ne suffit jamais, il faut absolument que le joueur engloutisse un maximum de thunes dans les services XBox360. Ainsi naquit le Market Place, sur une idée géniale. On fait payer au joueur des points Crosoft (et bien sûr, c’est débité tout de suite) et on lui propose ensuite des services et des téléchargements plus que superflus. Chacun de ces services ne coûte pas grand chose en soit, mais ils consument rapidement le capital de points XBox Live! et c’est autant qui retourne dans les poches de Microsoft.

Ainsi des goodies, qui devraient normalement être offert par les éditeurs, comme des fonds d’écrans, des interfaces XBox à l’image d’un jeu, etc. sont maintenant payants sur le Market Place alors qu’ils devraient, en toute logique, être offerts à l’achat du jeu (ou être déblocables comme bonus dans le jeu).

Récemment Microsoft a même acheté une société spécialisée dans la diffusion de publicité dans les jeux vidéo online. Parce que cela ne suffit jamais, en plus de vendre des abonnements, des goodies et autres, il faut maintenant que Microsoft vende du temps de cerveau des joueurs à des annonceurs, histoire de rentabiliser encore plus un système qui pourrait rapporter très gros.

L’occupation des temps interstitiels, le dernier champs de bataille pour Microsoft

Qu’est un temps interstitiel ? C’est le temps que vous passez dans le métro, ou à attendre un avion, 5 minutes entre deux vraies activités quoi. Avec la DS, Nintendo tente de coloniser ce temps intersticiel, en produisant des jeux qui peuvent occuper 5 ou 10 minutes en continu mais où l’on est pas obligé de s’investir vraiment.

C’est le dernier marché restant pour Microsoft : arriver à faire une sorte de Xboy, qui serait à la fois une console de jeux, un point d’accès au XBox Live! payant et une plate-forme de téléchargement multimédia de contenu protégé par DRM. La conquête de l’occupation des temps interstitiels commencera sûrement dans les mois qui viennent pour Microsoft. Ce ne sera peut-être pas une console pour commencer (combattre Nintendo sur ce terrain est particulièrement difficile), mais cela viendra sûrement un jour…

Quand Microsoft est entré de plein pied dans le monde du jeu vidéo, les pires craintes ont été formulées. Aujourd’hui, le mercantilisme ultra abusif de Microsoft entre en scène et commence à faire des vagues. La première chose que demande la XBox quand il faut éditer son profil, c’est quoi ? Le numéro de votre carte de crédit ? En tout cas, ce n’est pas loin. Tout ce que l’on espère, c’est que les autres constructeurs, et en particulier Nintendo, ne suivront pas cette voie. Hélas, le peu de chose que l’on a vu de la console virtuelle de la Wii semble bien augurer du contraire… Wait and see…


Par Mortal
Le 24 août 2006 | Catégories : Editos

Je le couperai au montage…
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