Joyeux anniversaire, Mario…
Alors que Nintendo débutait dans le jeu vidéo, il est un personnage qui est rapidement devenu synonyme de succès chez la compagnie. Apparu pour la première fois dans Donkey Kong, jeu créé par Miyamoto et Yokoi, Mario, qui ne s’appelait à l’époque que Jumpman et qui n’était pas encore plombier mais charpentier, a fini par véritablement monopoliser le cœur des joueurs avec la sortie d’un certain Super Mario Bros., sur Famicom (Nes). Véritable révolution de l’époque, qui imposa à lui seul un genre majeur, ce titre est sorti au Japon le 13 septembre 1985, pour un incroyable carton commercial (à ce jour, le jeu reste plus vendu que n’importe quel Final Fantasy ou Dragon Quest sur l’archipel, et ce sans même compter les versions ultérieures). Et oui, c’était il y a 20 ans, et Nintendo prend soin de fêter cet anniversaire d’une fort belle manière en sortant la Game Boy Micro sur le territoire nippon. Oui mais voilà, en 20 ans, il s’en est passé des choses, et le fameux plombier moustachu est devenu une icône très différente de celle de l’époque. Retour sur un phénomène constant de l’industrie du jeu vidéo.
Parlons peu mais parlons bien : devenu alors la mascotte du numéro 1 du jeu vidéo, Mario ne s’est pas contenté d’être une pompe à fric démentielle, mais est aussi devenu l’indispensable valeur sûre pour tout amateur de jeux vidéo. Chaque nouveau volet allait toujours plus loin, était toujours aussi bien foutu, et regorgeait d’idées toujours aussi ingénieuses. Et avec la sortie de Super Mario Kart sur Super Nes, c’en était trop : plus que le symbole de Nintendo, ce gros lourdaud moustachu affichait de loin le symbole même de toute l’industrie du jeu vidéo. Et pourtant, entre quelques déceptions et une multiplication de ses apparitions, le génie du saut a perdu en charisme ces derniers mois et les applaudissements des fans se sont transformés en hués. Après plus de 20 ans de bons et loyaux services, notre cher Mario saura-t-il rebondir comme il se doit ?
Quelques-uns des jeux avec Mario qui sont sorti ou sortiront au Japon cette année.
Acte I : La saga mère
Parce qu’il ne faut pas oublier que Mario, c’est avant tout de la plate-forme, et qu’à ce titre, depuis ce fameux SMB en 1985, on atteint, avec Sunshine, 8 véritables épisodes, 9 si on ajoute Yoshi’s Island, sous-titré Super Mario World 2, 10 si on ajoute Wario Land (le premier), sous-titré Super Mario Land 3. Une saga quasi-parfaite, dont la faille du dernier volet, Super Mario Sunshine, est la marque du début du déclin. Loin d’être mauvais, et se classant aisément parmi les meilleurs jeux de la console, ce jeu endosse néanmoins le rôle du vilain petit canard de la famille. Une ambition de "Mario en vacances" qui apporte de la fraîcheur en somme, mais qui apporte aussi ses limitations. L’univers tourne autour de l’île paradisiaque sans permettre de varier autant les décors qu’autrefois, à savoir se promener dans des montagnes enneigées, puis sur le sable chaud d’un désert aride dans le niveau suivant. Le tout avec un système de pièces bleues qui rallonge artificiellement la durée de vie, non, vraiment, on reste en dessous de l’excellence d’un Super Mario 64. Et le problème est là, si pour la plupart des fans, l’œuvre fut subjectivement très divertissante, on est loin d’avoir droit à un nouveau phénomène, un de ces jeux qui regorge de tellement de génie qu’il y a de quoi avoir des envies de meurtres lorsqu’on le critique. Mais bon, personne n’est parfait comme on dit, et ce n’est pas non plus un vrai coup dur qu’essuie là Mario, à peine sorti de sa majorité, le plombier a encore du temps pour se rattraper et en imposer à nouveau. En fait, le problème, c’est qu’il y a d’autres problèmes…
Les principaux jeux sortis à ce jour
Nom du jeu |
Csl. |
Date de sortie (Japon) |
Ventes (Japon) |
Super Mario Bros. |
NES |
13 septembre 1985 |
6 810 000 |
Super Mario Bros. 2 (USA, SMA) |
GBA |
21 mars 2001 |
890 000 |
Super Mario Bros. 3 |
NES |
23 octobre 1988 |
3 840 000 |
Super Mario World |
SNES |
21 novembre 1990 |
3 550 000 |
Super Mario World 2 (Yoshi’s Island) |
SNES |
5 août 1995 |
1 770 000 |
Super Mario Land |
GB |
21 avril 1989 |
4 110 000 |
Super Mario Land 2 |
GB |
21 octobre 1992 |
2 680 000 |
Super Mario Land 3 (Wario Land) |
GB |
21 janvier 1994 |
1 580 000 |
Super Mario 64 |
N64 |
23 juin 1996 |
1 780 000 |
Super Mario Sunshine |
NGC |
19 juillet 2002 |
800 000 |
Note : Super Mario Bros. 2, fut au Japon qu’une version "hard" du premier Super Mario Bros. Tandis qu’en occident, ce fut un volet inédit développé par NoA. Le jeu est par conséquent sorti pour la première fois au Japon avec Super Mario Advance, réédition de ce "Super Mario Bros. USA".
Acte II : Le dérivé sacré
Et en l’occurrence, la série des Mario Kart, devenue tout aussi populaire et respectée que la saga mère. Et là, deuxième faille, qui va de paire avec le cas Mario Sunshine. Un Mario Kart Double Dash !!, au gameplay toujours aussi appréciable, aux circuits bien foutus et au multijoueur diabolique, mais à l’originalité manquante, au nombre de circuit assez fade, et à un niveau d’ensemble regrettable, si l’on suit l’évolution demandée de la série. Mais là encore, pas de panique. Enfin, pour l’heure, après la déception passée. Car Nintendo semble avoir fait son mea culpa privé sur le niveau général des jeux GC, et on est en droit d’espérer des mesures prises pour un prochain Mario Kart sur Revo. Car après tout, si on veut bien leur accorder le fait que créer un Mario digne de ce nom est un sacré défi, ce n’est pas si dramatique concernant un Mario Kart, pour lequel, avec les équipes et les moyens dont dispose Nintendo, sortir un nouvel opus avec un nombre imposant de circuits et un mode battle bien ficelé n’est pas si complexe que ça. Et puis il y a surtout la direction prise de Mario Kart DS qui confirme quasiment présence du mode on-line pour ce futur Mario Kart Revo, qui par ailleurs n’a jamais été annoncé, mais on se doute fort de sa présence sur la future console de Nintendo. Seulement tout tourne autour de la date de sortie, qui en fin de compte fut le plus gros point faible de MKDD : il ne fait strictement aucun doute que si on avait eu le jeu dès le lancement de la console, chacun aurait été moins intransigeant à l’égard de l’œuvre de Nintendo. Pour l’heure, bon nombre de joueurs se questionnent sur le cas de la version arcade développée par Namco, Mario Kart GP. Pour tout dire, il est très peu probable que le projet vienne atterrir sur GameCube, la politique de Nintendo a toujours consisté à sortir un seul et unique Mario Kart par console. Un moyen à vrai dire efficace de ne pas tomber dans la surproduction à la Electronic Arts, en risquant à terme la lassitude du public, visible dans la série des Mario Party. Quant à un portage Revolution, c’est tout autant peu probable, et ça serait surtout sacrément décevant que Nintendo ne se consacre pas intensivement à ce prochain Mario Kart Revo. Alors, on pourrait toujours rêver à la possibilité de débloquer en bonus les circuits de la version arcade…
Les Mario Kart sortis à ce jour
Nom du jeu |
Csl. |
Date de sortie (Japon) |
Ventes (Japon) |
Super Mario Kart |
SNES |
27 août 1992
|
3 820 000 |
Mario Kart 64 |
N64 |
14 décembre 1996 |
1 800 000 |
Mario Kart Super Circuit |
GBA |
21 juillet 2001 |
950 000 |
Mario Kart Double Dash !! |
NGC |
7 novembre 2003 |
850 000 |
Acte III : Le dérivé sportif
Et c’est là que la machine s’emballe. Du temps de la 64, Camelot intervient. Anciennement connu pour avoir développé des Everybody’s Golf chez Sony (les jeux de Golf million seller au Japon), le studio se lance dans deux projets : un Mario Golf et un Mario Tennis. La qualité est là, le genre n’est à l’époque pas énormément représenté et ne l’a que rarement été d’une telle manière (très arcade, très décalé) : le succès est également au rendez-vous. Jusqu’alors tout le monde est content et personne ne remarque rien. Désormais, la série se retrouve abonnée à une prestance sur chaque nouvelle console Nintendo, au même titre que Mario Kart. Vient l’époque actuelle avec deux nouveaux sports qui apparaissent sur GC. Un Mario Baseball (Namco) d’une part, un Mario Football (Next Level, les développeurs de Soccer Slam) d’autre part. Quatre domaines sportifs, tous représentés par le plombier, ça commence à faire louche, et ça se voit.
Les Mario Sport sortis à ce jour
Nom du jeu |
Csl. |
Date de sortie (Japon) |
Ventes (Japon) |
Mario Tennis |
VB |
NC |
NC |
Mario Tennis 64 |
N64 |
21 juillet 2000 |
1 000 000 |
Mario Tennis |
GBC |
1 novembre 2000 |
400 000 |
Mario Power Tennis |
NGC |
28 octobre 2004 |
400 000 |
Mario Power Tennis |
GBA |
13 septembre 2005 |
— |
Mario Golf 64 |
N64 |
11 juin 1999 |
500 000 |
Mario Golf |
GBC |
10 août 1999 |
250 000 |
Mario Golf Toadstool Tour |
NGC |
5 septembre 2003 |
200 000 |
Mario Golf Advance Tour |
GBA |
22 avril 2004 |
100 000 |
Mario Superstar Baseball |
NGC |
21 juillet 2005 |
150 000 |
Acte IV : Le paradis des rééditions
Que serait Mario sans ses multiples rééditions ? Avec l’époque GBA, ce phénomène a pris un tournant décisif qui lui fait tenir une place de choix dans la descente vers la lassitude du public. L’ampleur est telle que, outre Mario Sunshine et les Mario Land, chacun des volets de la "saga mère" ont déjà été réédités au moins une fois… Rien de grave dans tout ça, en somme, mais la case GBA est sans doute allée un peu trop loin, dans la mesure extrême ou un aucun véritable Mario inédit n’est sorti sur la console…
Les (principales) rééditions sortis à ce jour
Nom du jeu |
Csl. |
Date de sortie (Japon) |
Ventes (Japon) |
Super Mario All-Star |
SNES |
14 juillet 1993 |
2 120 000 |
Super Mario Bros. DX |
GBC |
1 mars 2000 |
100 000 |
Super Mario Advance 2 |
GBA |
14 décembre 2001 |
920 000 |
Super Mario Advance 3 |
GBA |
20 septembre 2002 |
520 000 |
Super Mario Advance 4 |
GBA |
11 juillet 2003 |
620 000 |
FM – Super Mario Bros. |
GBA |
14 février 2004 |
580 000 |
FM – Super Mario Bros. 2 |
GBA |
10 août 2004 |
350 000 |
Super Mario 64 DS |
NDS |
2 décembre 2004 |
800 000 |
Acte V : La totale
Depuis le début, ça n’a jamais été caché, Mario ne s’arrêtait pas à de telles limitations bien ordonnées. Un des plus célèbres dérivés restant notamment Dr Mario, Tetris-like de grande qualité. On ajoutera quelques autres titres plus récents tel que DDR Mario ou les annuels Mario Party. Si on pousse le vice jusqu’à compter les dérivés autour d’autre personnages tel que les Luigi’s Mansion, Wario World et autre Super Princess Peach, on n’a pas fini…
Et le reste (liste non exhaustive) …
Nom du jeu |
Csl. |
Date de sortie (Japon) |
Ventes (Japon) |
Dr Mario |
GB |
27 juin 1990 |
2 080 000 |
Dr Mario |
NES |
27 juillet 1990 |
1 530 000 |
Dr Mario & Tetris |
SNES |
NC |
NC |
Dr Mario 64 |
N64 |
NC |
NC |
Mario RPG |
SNES |
9 mars 1996 |
1 090 000 |
Paper Mario |
N64 |
11 août 2000 |
430 000 |
Paper Mario 2 |
NGC |
22 juillet 2004 |
410 000 |
Mario & Luigi |
GBA |
21 novembre 2003 |
440 000 |
Mario Paint |
SNES |
14 juillet 1992 |
NC |
Mario Party |
N64 |
18 décembre 1998 |
720 000 |
Mario Party 2 |
N64 |
17 décembre 1999 |
890 000 |
Mario Party 3 |
N64 |
7 décembre 2000 |
850 000 |
Mario Party 4 |
NGC |
8 novembre 2002 |
900 000 |
Mario Party 5 |
NGC |
28 novembre 2003 |
700 000 |
Mario Party 6 |
NGC |
18 novembre 2004 |
530 000 |
Mario Party Advance |
GBA |
13 janvier 2005 |
210 000 |
Luigi’s Mansion |
NGC |
14 septembre 2001 |
350 000 |
Mario Vs. Donkey Kong |
GBA |
10 juin 2004 |
150 000 |
Mario Pinball Land |
GBA |
26 août 2004 |
100 000 |
Yoshi Touch & Go |
NDS |
27 janvier 2005 |
190 000 |
Dance Dance Revolution with Mario |
NGC |
14 juillet 2005 |
50 000 |
Bref, les faits sont là : rien qu’en 2005, le nombre de Mario quelque chose sortis est assez ahurissant. Alors bon, dans le cas sportif par exemple, ça n’a rien de si étonnant : dans un marché si concurrentiel, un nouveau jeu sans argument choc n’a que peu de chance de se vendre. Et en l’occurrence, l’argument choc est censé être le label Mario. Quoi de si grave dans tout ça, après tout ? La présence de Mario fut également la seule chose qui permit de convaincre Konami de sortir un DDR sur GameCube.
Le problème, c’est que quel qu’il soit, l’excès est mauvais. Et dans le cas présent l’excès est atteint, et ça a une influence directe sur le charisme de l’icône de Nintendo. Car à force d’apparaître à tous les coins de rue – jusque dans les jeux EA -, la rencontre n’est plus si exceptionnelle. Mario Golf et Mario Tennis étaient parvenus jusqu’au million, score que ne risque pas d’atteindre Mario Baseball : il paraît clair que les apparitions du plombier sont moins applaudies, et surtout moins remarquées. Il s’agit bêtement d’une perte de charisme due à une trop grande abondance. On évoquait plus haut le choix stratégique de s’imposer une suite par console et pas plus pour ces dérivés, une idée efficace afin de tenir la popularité au top. Mais à force de varier les genres, on en arrive au même problème, qui vient simplement d’une autre voie. On en serait presque à se demander quel est le vrai Mario dans ce beau foutoir… Mais bon, tout n’est pas perdu. Après tout, il ne tient qu’à Nintendo de nous gratifier d’un "Mario 128" grandiose et d’un Mario Kart proche de la perfection, pour la faire remonter en flèche. A bon entendeur…
Un très grand merci à KirbyX pour avoir dessiné les deux carricatures.