La GameCube ne marche pas au Japon : pourquoi ?

L’histoire nous a montré que ce n’est pas un lancement raté qui fait une console ratée

La GameCube ne marche pas au Japon, c’est un fait incontestable ! Malgré la sortie de jeux comme Pikmin, très attendu et bien dans le style japonais, ou les sondages qui montrent que les Japonais attendent avec impatience Super Smash Bros Melee., il ne faut pas se leurrer, la GameCube ne marche pas au Japon ! Alors, avec notre regard de “non-Japonais”, nous ne comprenons pas. Pourquoi une machine qui semble aussi génial ne marche pas ? Pourquoi une perfection technique de cet ordre n’est-elle pas récompensée par des chiffres de ventes hallucinant ? Et enfin, la question qui me paraît absolument essentielle : si ils n’en veulent pas pourquoi il m’en donne pas une ???

On peut tout d’abord se demander si l’insuccès de la GameCube n’a pas de rapport avec celui de la N64. En effet, il faut regarder les choses en face, sans détour, la N64 fut un échec au Japon, et il n’y a guère que des jeux comme Pokemon Stadium ou Mario 64 (les premiers mois) qui ont permis de faire vendre des consoles ! Et ceux qui maintiennent que la N64 s’est bien vendue au Japon, ont raison sur le papier, mais dans les faits, les Japonais n’achetaient la N64 que pour 2 ou 3 jeux et pas plus. Donc, on peut se demander si la N64 a eu un impact psychologique négatif sur le choix des consommateurs nippons au point qu’ils n’achètent pas cette (pardonnez-moi l’expression) putain de console ! Mais l’impact psychologique ne saurait pas tout expliquer… On ne peut pas baser un échec sur ce seul critère.

Nous en venons donc (doucement mais sûrement) à l’effet de concurrence imposé notamment par Sony. Est-ce que la PS2 est plus attractive que la GameCube ? Pour le moment, on peut dire que oui. La PS2 offre une bibliothèque de jeux bien plus étendue, et en plus la fonction DVD, qui a révolutionné la vie des Japonais (voir “La PS2, cheval de Troie”), est particulièrement attirante pour un public nippon désormais fanas de DVD. À côté notre GameCube fait pâle figure : malgré sa supériorité technique avérée, elle ne propose aucun “extra” susceptible d’attirer un public japonais attentif à tout ce qui peut avoir plusieurs fonctions (les Japonais sont mordus de gadgets multifonctions !). Seraient-ils complètement inconscients ? Est-ce qu’ils ne réalisent pas l’incroyable potentiel de la machine ? Est-ce qu’il ne voit pas que la concurrence est littéralement K.-O. debout ? La GameCube est une véritable bombe, et je pense franchement que tout le secteur vidéo ludique en est conscient, il faut donc aller chercher encore plus loin les causes de cette claque !

Ou peut-être plus près ? Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? Les raisons les plus simples sont parfois les meilleures (J. De la Fontaine, ou alors un de ses potes :). La GameCube n’a été pourvue que de 3 jeux à sa sortie, et bien que bons, ce ne sont pas vraiment des jeux pour lesquels on se relèverait la nuit ! Rien de bien extraordinaire à vrai dire ! Pour une sortie de console, c’est même un peu faiblard ! Et il ne faut pas l’oublier (économistes en herbe, j’attend impatiemment votre avis sur la question) que le Japon est en train de traverser la fameuse "Crise Asiatique". Ce n’est pas vraiment une crise mais plutôt une sorte de dépression économique, accompagnée d’une (cette fois véritable) crise morale et crise identitaire. Un bon climat pour lancer une console ? Sûrement pas ! Mais d’autres y ont résisté, donc il ne faut pas y voir la solution.

Je pense finalement que l’échec de la GameCube au pays du soleil levant, n’est pas dû à une seule de ces raisons mais à l’ensemble, la conjoncture du tout. Mais arrive bientôt le Q, peut-être résoudra-t-il quelques uns des “handicaps” de la GameCube aux yeux des Japonais. Puis, les premiers grands jeux (les VRAIS grands jeux) ne devraient pas tarder à sortir non plus. L’histoire nous a également montré que ce n’est pas un lancement raté qui fait une console ratée. Ce n’est qu’une première étape, il faut garder espoir…

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