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L’accomplissement de l’être : exploration transversale de la pensée Reggienne
"My name’s Reggie. I’m about kicking ass, I’m about taking names, and we’re about making games." Voici comment fut présentée la Nintendo DS…
C’est par ces quatre phrases désormais fameuses que Reginald Fils-Aime, mieux connu sous le nom de Reggie, entra dans l’Histoire. En quelques heures, ses paroles firent le tour du monde, et pour des millions de gens ce fut la révélation. L’aura envoûtante de Reggie, ce charisme carnassier, le fond avait-il enfin trouvé la forme qu’il méritait ? A tête reposée, on est aujourd’hui en droit de s’interroger : quelle est donc la pensée profonde de celui qui a réussi là où tant d’autres ont échoué ? Quels concepts sous-jacents se cachent derrière ces formules percutantes ? Revenons sur ces mots dans une analyse en quatre actes pour tenter de déchiffrer la substantifique moelle de la pensée Reggienne…
Acte I : le postulat fondateur
La désarmante simplicité de cette déclaration saute aux yeux avec l’éclat de l’évidence. Comment mieux qu’ainsi un inconnu eut-il pu se présenter au monde, à ces millions d’yeux qui le scrutaient via le cyberespace ? En tenant ces mots, Reggie s’introduit dans les esprits, il passe du potentiel à l’actuel dans un transfuge de l’être, quittant l’inconscient collectif pour s’imposer aux consciences et éclairer nos âmes égarées.
Arrivant de nulle part, Reggie se doit de construire un monde, d’écrire une Genèse nouvelle. Il y eut un soir, il y eut un matin, et Reggie, qui n’était alors qu’une âme parfaite, se fit chair, afin de porter sa parole au genre humain. Il y eut un soir, il y eut un matin, et Reggie décida qu’il était temps pour lui de s’adresser à nous. Il y eut un soir, il y eut un matin, et en ce jour béni du 11 mai 2004, Reggie nous dévoila la première des vérités : "Je m’appelle Reggie."
En filigrane transparaît déjà la clé de voûte de la pensée Reggienne, à savoir l’accomplissement de l’être : en réfléchissant, chacun est à même de comprendre qui il est vraiment. La première pierre de l’édifice étant posée, Reggie pouvait poursuivre son étonnante démonstration.
Acte II : la déclaration de guerre
Comment prendre cette deuxième phrase sinon avec étonnement. Reggie, qui nous avait habitué à un style limpide et à une humilité rare, franchit ici la ligne blanche, et ça fait mal ! D’aucuns s’interrogeront sur le sens véritable de ces mots si durs en apparence. La réponse cependant est élémentaire…
Après s’être présenté, Reggie tient tout de suite à brouiller les pistes : "Oui je vous ai dit blanc, mais maintenant je vous dis noir. Vous avez cru que j’étais gentil, mais qui vous dit que je ne suis pas méchant ? Qui vous dit que je ne suis pas le grand méchant loup et vous le petit chaperon rouge ? Etes-vous naïfs au point de croire tout ce que l’on vous dit ???"
C’est alors que l’on réalise que Reggie nous a bernés, et comprendre cela, c’est recevoir une mandale monumentale, c’est se prendre une claque magistrale, c’est, en résumé, se faire botter les fesses. Grand numéro de Reggie qui joint l’acte à la parole : Reggie dit qu’il botte des fesses, et Reggie nous botte les fesses, par une simple phrase. Admirez la puissance de ses mots, bien plus considérable que celle d’une quelconque arme. Néanmoins, le but de Reggie n’est pas de nous flouer, oh que non – Reggie a des ambitions supérieures…
Acte III : la responsabilisation des masses
Etrange citation que celle-ci au premier abord… probablement la phrase de Reggie qui a posé le plus de problèmes aux exégètes que nous sommes. En effet, la logique veut que l’on prenne des noms avant de botter des fesses. Pourquoi Reggie avait-il inversé ces deux phrases ? Quel mystère nous cachait-il ? Le voile, quoique épais, n’allait pas tardé à être levé.
Récapitulons brièvement le cheminement qui nous est offert : avec ses deux premières phrases, Reggie joue d’abord sur notre confiance en révélant son identité, puis il nous trahit en nous montrant avec fracas combien nous avons été naïfs. Cette troisième phrase n’est que la suite logique de tout cela : il faut être responsable, ne pas croire aveuglément ce que l’on voit, et toujours s’efforcer de questionner la question. Et pour mieux nous responsabiliser, Reggie nous prévient : si nous n’avons pas compris la leçon, il prendra nos noms, et de nouveau les fesses il nous bottera.
Ce qui pourrait être perçu comme du sadisme ou de la méchanceté gratuite n’est en fait qu’un encouragement à la pensée active. Qui plus est, Reggie nous rappelle ici que même si nous ne trouvons pas la voie, grâce à sa liste de noms, il nous retrouvera et nous aidera à suivre notre cheminement jusqu’à l’accomplissement de l’être.
Acte IV : la transfusion de l’identité
Je, Je, Je. Nous. Rupture radicale dans le discours Reggien. Une fois encore, Reggie cherche à nous choquer, il veut nous obliger à penser. Jusqu’ici, il n’a parlé que de lui, il s’est défini en tant qu’être, et voilà que soudain il nous inclut à ses paroles. Egoïsme emprunt de mégalomanie ? Que nenni.
En procédant de la sorte, Reggie s’est érigé en repère : il est le phare qui nous éclaire dans la nuit, fermement ancré dans le sol, il est l’arbre inamovible auquel chacun de nous peut s’accrocher quand il est perdu, il est tout cela, oui, mais il est bien plus et bien moins à la fois, car comme en attestent ses mots : il n’est que l’un de nous !
Tous les hommes sont égaux, tous les hommes peuvent atteindre l’accomplissement de l’être pour peu qu’ils se donnent la peine de réfléchir. Mais pour réfléchir, il faut être plusieurs, il faut échanger les points de vues, il faut s’adonner au plaisir de la maïeutique. Je doit devenir Nous, les esprits doivent communier. Et quel meilleur moyen pour faciliter la communication que les jeux ? En créant des jeux, en jouant, nous communiquons, nous échangeons, nous apprenons, nous communions, et à chaque jour qui passe, sur le chemin de l’accomplissement de l’être nous avançons.
Merci Reggie.
Par Rom_Vat
Le 15 juillet 2004 | Catégories : Editos
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