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Le Français au Québec et Nintendo
En Belgique, les garanties sont présentées en quelque 12 langues, et les instructions en français et flamand. Au Québec, presque tout est présentement uniquement en anglais.
Certains d’entre vous se souviennent peut-être d’une version française de Super Mario 64, présentée au Mégadôme, à l’été 1996. Cette version n’est jamais parue sur le marché.
Lors d’un entretien téléphonique avec Monsieur Martin Roy, attaché de presse au cabinet de la ministre Louise Beaudoin, NintendojoFR a pu faire le point sur la grande majorité des aspects concernant l’usage de la langue française dans les jeux vidéos au Québec. Voici les principaux points retenus :
La charte de la langue française du Québec a été modifiée en juin 1997, donnant à ce moment la possibilité au gouvernement québécois de forcer les distributeurs à fournir, au minimum, les instructions, emballages, et la garantie en français. Pour ce qui est des jeux eux-mêmes en français, c’est là que tout devient extrêmement intéressant. La charte dit que si une technologie (donc, un jeu vidéo) existe en français ailleurs dans le monde, les compagnies se voient dans l’obligation de produire ce même jeu en français, pour le Québec. Je peux déjà vous entendre dire que les jeux existent tous en français, en France. C’est vrai, sauf que Nintendo défend le point de vue qu’il ne s’agit pas du même produit, puisque les jeux en France sont sous le format PAL, et sous le format NTSC en Amérique. Une mauvaise excuse dites-vous? You bet! L’implantation des textes francophones dans le format NTSC ne demanderait qu’un minimum d’efforts aux techniciens de Nintendo.
Pour l’instant, le gouvernement du Québec (par l’entremise de Mme Louise Beaudoin), ne demande à Nintendo qu’un strict minimum de matériel (manuels, garanties, etc.) en français. Bien sûr, ils aimeraient aussi que les jeunes québécois puissent avoir accès à des jeux en français. Après tout, si les Japonais, Allemands, Anglais, et autres peuvent jouer à Pokémon dans leur langue maternelle, pourquoi pas nous, Québécois? Par contre, si la demande des consommateurs est présente, et qu’il y a une certaine pression, le gouvernement pourrait bien passer en deuxième vitesse et obliger les compagnies à publier des jeux complètement traduits.
Si vous craignez que des lois trop sévères du gouvernement forcent Nintendo, Sony et Sega à arrêter de publier des jeux au Québec, détrompez-vous. La compétition entre ces trois géants est très féroce, et il n’est pas question pour aucun d’entre eux d’abandonner un marché comme le Québec aux griffes de ses compétiteurs. Autrement dit, pensez-vous vraiment que Nintendo irait jusqu’à laisser la voie libre à Sony, en arrêtant simplement de distribuer leurs jeux au Québec? Allons donc.
Depuis juin 1997, Louise Beaudoin a tenté de faire comprendre aux trois géants nippons ce qu’est une charte, et pourquoi ils doivent la respecter. Après dix-huit mois de négociations, on a décidé de passer aux actes à Québec. Nintendo, Sony et Sega ont jusqu’au 31 décembre 1999 pour fournir un plan d’action concret au ministère des relations internationales, sans quoi le dossier sera passé au procureur général, qui lui, pourra imposer des sentences. Pour une première offense, on parle d’une somme de 1400$, et pouvant ensuite monter jusqu’à environ 7000$. De la petite monnaie pour Nintendo, dites-vous? Pas selon la charte.
La loi prévoit que l’amende ira aux distributeurs des jeux, et qu’ils sont responsables de la tenue d’un inventaire à contenu français. Donc, ce ne serait pas Nintendo ou Sony qui devrait payer cette somme, mais bien Toys R Us ou Wal-Mart. La loi n’est pas claire, à savoir si c’est chaque magasin qui devrait payer l’amende, ou simplement la chaîne-mère. Le gouvernement a bel et bien le droit de voter une loi empêchant Nintendo, Sega et Sony de distribuer des jeux s’ils ne sont pas traduits en un cours laps de temps (comme pour les films américains : 40 jours ou rien), mais M. Roy me confirme que le gouvernement est encore à des années-lumière de prendre une telle décision.
Vous souvenez-vous, au milieu des années ’90, lorsque tous les meilleurs jeux de SNES étaient en français? Moi, je m’en souviens très bien, et je souhaite que la situation d’aujourd’hui retourne à ce qu’elle était il y a quelques années. Après tout, Nintendo n’a qu’une adaptation très minime à faire pour rendre tout ceci faisable. Et comme je le disais, plus Nintendo et le gouvernement du Québec auront de la pression de la part des consommateurs, vous et moi, plus il y a de chances que ceci se reproduise, encore une fois.
C’est pour cette raison, que je vous demande d’écrire massivement à Nintendo, Sony et à Sega, pour leur demander de produire des jeux avec un contenu 100% français, pour le Québec.
Par Phil
Le 14 décembre 1999 | Catégories : Editos
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