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Le VS. System de Nintendo
Dans le Direct du 13 septembre 2017, Nintendo a annoncé l’arrivée de la série Arcade Archives sur Switch. Il s’agit du portage d’anciens jeux d’arcade de la firme, réalisés par HAMSTER. Pas le hamster de Mortal qui intervient régulièrement dans le Dojobar, mais HAMSTER Corporation, spécialisé dans les portages d’anciens jeux arcade, et déjà à l’origine des ACA NeoGeo sur Switch. La liste des titres annoncés est la suivante, sachant qu’il y en a d’autres à venir :
D’un point de vue historique tout du moins, cette annonce est importante. En effet, c’est la première fois en plus de 30 ans que ces jeux ressortent dans leur format arcade. Dans le cas de Punch-Out!!, la version arcade est inédite sur console. Ce sera donc, pour la plupart d’entre nous, la première fois qu’on peut y jouer légalement. Et puis, il y a la série des VS, qui sera certainement allongée par la suite. C’est l’occasion de faire une piqûre de rappel sur la nature de cette série, et leur intérêt aujourd’hui, s’il y en a un.
Le VS. System (VS.システム) est un matériel arcade de Nintendo, proche de la NES, destiné à accueillir des adaptations des meilleurs jeux de la console. Il est orienté multi-joueurs compétitif, d’où son nom. D’ailleurs, les jeux sortis sur ce matériel prennent aussi le préfixe « VS ». Les bornes VS. System ont été produites à partir de 1984, juste après la sortie de la Famicom, jusqu’en 1990. Elle sont déclinées en trois types : les VS. DualSystem, les plus originales, combinent deux bornes en une, disposées en angle. Elles peuvent accueillir deux jeux différents, ou dans certains cas, le même jeu sur deux moniteurs. Par la suite, Nintendo sort les VS. UniSystem, moins chères et plus classiques, avec un seul moniteur. Enfin, il existe une variante VS. Table, où quatre joueurs peuvent participer, assis. Pour l’anecdote, cette borne est surnommée la tente rouge, pour des raisons évidentes.
Une fois une borne achetée, l’exploitant pouvait changer de jeu à moindre frais, en faisant l’acquisition de cartouches supplémentaires, appelées VS. Pak. Les flyers de l’époque insistent bien sur les économies INCROYABLES!! réalisées par l’exploitant avec le VS. System.
Côté jeux, on retrouve beaucoup de classiques NES de Nintendo, en particulier les black box. Mais aussi pas mal d’éditeurs tiers : Namco, Konami (Castlevania, Gradius…), Capcom, Sunsoft, etc. Au Japon, les jeux VS. System sortent après l’original Famicom, ce qui leur assure un minimum de popularité. De plus, pour ceux qui ont déjà fini le jeu Famicom, l’adaptation VS. System représente souvent un challenge supplémentaire, car plus difficile. Aux États-Unis cependant, il arrive que l’ordre soit inversé, et que les jeux sortent d’abord sur arcade. C’est aussi un moyen pour Nintendo de tester le marché, en cette période post Atari-crash, délicate pour le jeu vidéo domestique.
Bon, c’est bien beau tout ça, mais on les connaît un peu par cœur ces jeux. Quel intérêt de les ressortir sur Switch aujourd’hui ?
Eh bien, au-delà de l’aspect patrimonial, il faut savoir que les versions VS. System ne sont pas de simples portages de la NES. Beaucoup d’entre eux apportent des améliorations, parfois d’ordre cosmétique, parfois plus intéressantes. Je vais en présenter quelques-unes de notables, sans chercher l’exhaustivité.
La version arcade de Duck Hunt présente des animations et musiques supplémentaires, ainsi qu’un mode bonus, en plus de la chasse aux canards et du ball trap. Et autant dire que ce mode bonus réalise le fantasme de n’importe quel joueur de Duck Hunt sur NES : ON PEUT BUTER LE CHIEN !!! En fait, on n’est pas censé le faire, car l’objectif de ce mode bonus est justement de shooter un maximum de canards en évitant le chien. Néanmoins, tirer sur ce satané clébard qui s’est tant foutu de notre gueule quand on était gamin, c’est tout de même un grand moment de vengeance.
VS. Duck Hunt ne fait pas partie des titres annoncés sur Switch pour l’instant, mais a priori rien ne l’empêche de l’être, en simulant le pistolet sur l’écran tactile. En mode TV par contre, ça risque d’être plus délicat, car je ne pense pas que les capteurs du Joy-Con permettent d’en faire un pointeur suffisamment précis. Après, le jeu peut très bien être « mode portable seulement » : il y a déjà plusieurs précédents dans ce cas. S’il sort un jour, je suis curieux de voir si Nintendo va utiliser l’argument « on peut tirer sur le chien » pour le vendre.
Par rapport à l’original NES, VS. Balloon Fight comprend un scrolling vertical pendant les duels. Mais surtout, c’est un des rares jeux VS. System à profiter des bornes Dual, c’est-à-dire avec deux moniteurs. En effet, il est possible de s’affronter à deux, en étant chacun sur son moniteur. Les bornes communiquent entre elles pour assurer la cohérence des deux côtés. C’est un peu comme un jeu NES à deux en réseau local, ce qui est quand même cool, quand on y pense. Il sera intéressant de voir si ce mode Dual sera implémenté d’une quelconque manière dans le portage Switch.
À l’origine, cette version arcade de Super Mario Bros. devait s’appeler VS. Mario’s Adventure, comme en témoigne l’existence de ce flyer intriguant.
VS. Super Mario Bros. fait partie des jeux VS ayant le plus de changements par rapport à l’original. L’idée ici est clairement de rendre le jeu plus difficile. Dans cette optique, certains niveaux sont remplacés par des niveaux du Super Mario Bros. 2 Japonais, c’est-à-dire Lost Levels chez nous. Et là déjà, ça rigole moins. Mais ce n’est pas tout : la plupart des champignons 1-up ont été supprimés, mis à part ceux cachés. Même traitement pour les Power-Ups, dont beaucoup sont remplacés par des pièces. Les Warp Zone sont beaucoup moins avantageuses elles aussi : alors qu’avant, on pouvait passer du 4-2 aux mondes 6, 7 ou 8, maintenant il n’y a plus que le 6. Quant aux châteaux de Bowser ayant une trajectoire secrète à trouver, elle a été modifiée.
C’est à la fin du monde 1-2 que d’habitude, on peut tenter la fameuse astuce qui consiste à traverser le mur pour se retrouver au monde -1. Mais sur arcade, surprise !
Vous voyez les deux briques manquantes, au plafond ? Elles ont été supprimées délibérément pour fermer l’accès au monde -1 ! Bon, vous vous doutez bien que des petits malins ont quand même réussi à contourner cet obstacle. Le monde -1 est donc toujours là, ouf. Et la technique des vies infinies, en faisant rebondir une carapace de Koopa sur l’escalier du 3-1 ? Raté : les Koopas ont été remplacés par des Goombas sur cet escalier, ce qui rend l’astuce caduque.
Parmi les apports notables de cette version arcade, on notera aussi une chouette musique : celle de l’écran où l’on doit entrer son nom. Vous connaissez peut-être déjà ce thème, car il a été repris dans Super Mario Maker, mais aussi dans Super Mario Advance 4.
Évidemment, il y aurait bien d’autres jeux à traiter, mais je m’arrête là pour l’instant, vous avez saisi l’idée.
À partir de la Famicom, l’intérêt de Nintendo dans l’arcade a progressivement baissé. Le VS. System a permis à la marque de se maintenir dans ce marché pendant quelques années, à moindre coût. Par la suite, cette plateforme a été remplacée par le Playchoice-10, plus rentable pour les exploitants, et le Nintendo Super System, son équivalent pour la SNES.
Alors, pourquoi s’intéresser à ces Arcade Archives aujourd’hui ? Déjà, pour les titres inédits sur console, à commencer par Punch-Out!!. Ensuite, pour le patrimoine, car même pour les jeux déjà archi-connus, ces versions-là ne sont jamais ressorties depuis. Enfin, je trouve assez intéressant de traquer les petites différences, cosmétiques ou de game design, et tenter de les expliquer en les replaçant dans le contexte de l’arcade. C’est d’autant plus intéressant que pour une fois, la conversion se fait dans le sens salon -> arcade, et pas l’inverse. D’ailleurs, le marketing de Nintendo l’a bien compris : dans le Nintendo Direct du 13/09/2017, le narrateur déclare : « ces versions arcade contiennent des différences subtiles par rapport à l’original NES. Saurez-vous les trouver ? ». Alors oui, avec internet, on saura les trouver sans problème aujourd’hui. Néanmoins, c’est bien plus rigolo de les observer par soi-même, sur un jeu officiel.
Par Tardigrade
Le 19 septembre 2017 | Catégories : Editos
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