C'est une tête brûlée, lui, un déglingo, le genre de mec qui enlève les clés USB sans les éjecter…

- Mortal dépeignant Holaf, plein de fougue.

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Les Archives de Cranky − Les Prince of Persia sur Gamecube

Les Archives de Cranky ont pour but de revenir sur une série de jeux, un jeu en particulier, un studio ou même une thématique sous un angle global et synthétique.

Cette rubrique contient donc de nombreux spoilers.

Présentation

Farah et le Prince dans un décor presque onirique

Farah et le Prince dans un décor presque onirique

Alors que l’armée de son père assiège le palais du Maharaja, le Prince de Perse aveuglé par sa soif de gloire, libère les Sables du Temps qui anéantissent (presque) toutes les créatures vivantes aux alentours. Le Prince tente d’abord de fuir, mais rongé par le remord et motivé par une des survivantes, la Princesse Farah, il part à la recherche du Sablier pour renfermer les Sables et sauver tout le monde. Par une habile pirouette scénaristique, le Prince est à la fois le héros et le narrateur principal de l’histoire : il raconte en fait à Farah ce qui s’est passé avant qu’il ne referme le Sablier, action qui a annulé tous les évènements passés. En terme de narration, c’est extrêmement intelligent puisque cela donne à la fois de la personnalité au Prince, tout en justifiant les « exagérations » du gameplay, les sauts gigantesques, le nombre d’ennemis ou encore les acrobaties : vous ne faites en fait que revivre le souvenir, le récit, forcément romancé, du Prince auprès d’une femme dont il est tombé amoureux (d’ailleurs on pourrait même douter que cette partie là soit réellement arrivé, ça pourrait aussi bien être une tentative de séduction).

Bref, autant au niveau du scénario que des personnages, Sands of Time est absolument brillant. Le Prince est un personnage attachant : son arrogance et sa fierté ont provoqué une catastrophe et les conséquences le ronge dans le jeu, autant que le Sable ronge le palais ; mais finalement, il ne cherche pas l’aventure, elle lui tombe dessus. C’est un personnage fragile, qui a des doutes et qui tombe même amoureux bien malgré lui au fil du jeu.

Subtilité quand tu nous tiens…

Subtilité quand tu nous tiens…

Warrior Within prend un virage radical par rapport à cette approche. C’est un peu comme si les équipes marketing d’UbiSoft avait essayé de transformer le Prince en un catcheur gothique au look vaguement emo. Pour avoir ouvert les Sables du Temps, le Prince aurait dû mourrir. Le Dahaka, le monstre gardien du temps, compte bien rétablir le cours normal du Temps en tuant le Prince. Ce dernier décide d’aborder l’Île du Temps, où les Sables ont été créés pour les détruire à jamais, et le Dahaka avec.

Cette suite représente le règne du mauvais gôut : ambiance gothique, cuir et vynil à tous les étages, gros boobs pour TOUS les personnages féminins, gros plans réguliers sur des popotins, giclure de sang complètement hors de propos lors des combats, remarques à deux sous, même pas digne de Steven Seagal lors des combats (la palme revenant quand même au « Meurs, bâtard ! », très très classe). Ce changement drastique est d’ailleurs parfaitement illustré par la BO du jeu. Ci-dessous, un extrait du thème principal de Sands of Time :

Subtile, envoûtant, collant parfaitement à l’ambiance Mille & Une Nuits du jeu.

Et maintenant, celui de Warrior Within :

Voilà, donc la subtilité, c’est pour les tatas !

Two Thrones commence exactement là où Warrior Within finit : de retour à Babylone après avoir quitté l’Île du Temps avec Kaileena, l’Impératrice du Temps, le Prince se rend compte que la ville est attaquée par une armée inconnue. Quelques péripéties plus tard, on apprend que le Vizir du premier est de retour et il libère de nouveau les Sables en tuant Kaileena. Une bonne occaz’ pour aller lui désabler les miches une bonne fois pour toutes. Étrangement tous les personnages changent radicalement de style dans la cinématique d’introduction : adieu cuir et vynil et retour à un style vestimentaire, facial et vocal beaucoup plus proche du premier épisode.

En terme de style, UbiSoft s’est bien rendu compte de son erreur sur le second épisode et est largement revenu à la raison sur ce troisième volet : retour d’un narrateur, qui manquait cruellement au second, retour à l’acteur-voix original de Sands of Time, retour à des décors et des mélodies beaucoup plus proches du premier épisode.

Jouabilité

Sur le papier, Warrior Within et Two Thrones devrait être de meilleurs jeux. Il y a en effet tout un tas de détails dans la jouabilité de Sands of Time qui trahissent un manque évident de finition : les combats sont ultra répétitifs, les points de sauvegarde ne restaurent pas la vie, le seul moyen de recharger la dague du temps est de tuer des ennemis, etc… Néanmoins, dans Sands of Time certains de ces petits « défauts » étaient justifiés par le scénario.

À partir de Warrior Within, la jouabilité est bien mieux finie : les combats sont plus dynamiques et variés, les points de sauvegarde sont mieux placés, l’arme secondaire permet de varier les coups. De la même manière, le fait de parcourrir le même palais à deux époques différentes est également très bien vu : cela varie les environnements, les jeux de couleurs (le présent sombre, le passé coloré, alors que Sands of Time avait le même ton ocre presque pendant toute l’aventure), tout en donnant des rappels moins évidents au joueur sur le parcours dans l’environnement. Malheureusement, cela force également à de nombreux allers-retours, qui finissent par devenir pesant, surtout vers la fin de l’aventure.

Le Dahaka est aussi une des additions vraiment bienvenue dans le second volet : même si toutes ces interventions sont scriptées, elles sont souvent très spectaculaires et font bien monter le stress du joueur. La transformation en Sand Wraith (pas de traduction UbiSoft ?) du Prince est également une excellente idée (sur laquelle Two Thrones capitalisera d’ailleurs) : on perd de la vie au fur et à mesure, ce qui est très stressant, et en même temps, on a des réserves illimitées de sable, ce qui nous rend SURPUISSANT.

Et malgré cela, les combats sont toujours trop nombreux, trop pénibles, trop lourds. Les boss sont vraiment un ajout farfelu et complètement hors de propos (en plus d’être soit beaucoup trop facile, soit beaucoup trop difficile). Le résultat est donc mitigé pour Warrior Within : beaucoup de bonnes idées, mais malheureusement un peu gâchées par une exécution perfectible. Un peu moins de combat, avec des ennemis moins costauds, quelques ajustements sur les passages un peu fastidieux auraient vraiment permis d’alléger le jeu sans toutefois le castrer.

Le speed kill écourte considérablement les combats

Le speed kill écourte considérablement les combats

Heureusement pour nous, Two Thrones va vraiment aller dans le bon sens : fini les allers-retours dans les décors, le level design reprend la continuité générale de Sands of Time à savoir que l’on avance en permanence sans se soucier vraiment de ce qu’on a laissé derrière soi. Alors oui, on est de nouveau pris par cette désagréable sensation de se laisser guider par le décor, mais en contre-partie, plus de répétitivité, plus de retour-arrière, plus de déjà-vu.

Mais ce troisième opus parvient surtout à rééquilibrer très nettement les combats : moins longs, moins pénibles et moins « obligatoires » grâce à l’introduction de mécanismes d’infiltration. On en sentait une esquisse extrêmement timide et maladroite dans le 2, mais là, c’est officiel : on peut approcher quasiment toutes les situations de manière furtive et tuer ses ennemis instantanément ou presque grâce au Speed Kills. Une nouveauté vraiment bienvenue tant elle permet de raccourcir considérablement les combats, sans pour autant être trop punitive en cas d’échec. L’alter-égo surpuissant, cette fois sous forme de Dark Prince, est également de retour mais bien mieux exploité : en rendant ces phases plus courtes mais plus régulières, elles gagnent considérablement en impact et rythment véritablement l’aventure.

Héritage

La Trilogie dite des Sables du Temps connaîtra une suite en 2010 sur Wii, PSP, PS3, Xbox 360 et Windows (la version Wii étant bien différente des versions HD). Les Sables Oubliés est malheureusement une pâle copie de ses aînés, ultra simplifiée et sans grand intérêt. À oublier très vite donc badum tsss.

UbiSoft tentera un reboot complet de la licence en 2008 avec Prince of Persia sur PS3, Xbox 360, Windows et Mac. Malgré des notes plutôt positives et un parti pris graphique original, tout en cell-shading, cet épisode fera un gros flop et arrêtera net la franchise.

Toutefois, Prince of Persia donnera naissance à une autre grande saga chez UbiSoft… Assassin’s Creed ! En effet, le développement du tout premier Assassin’s Creed avait démarré sur la génération Xbox/PS2/Gamecube en tant que Prince of Persia: Assassins, où l’on incarnait un garde du corps d’un très jeune prince dans la ville de Jérusalem.

On retrouvera énormément d’idées issues de Prince of Persia dans la série Assassin’s Creed (dérivés de Speed Kills, grimpette, stature générale du personnage, le Moyen-Orient pour le premier épisode, etc), mais depuis la série a pris le large vis-à-vis ses racines.

Et évidemment, je n’ai pas mentionné la pléthore de jeux portables (Prince of Persia : Les Sables du Temps (GBA), Prince of Persia (2008, DS), Prince of Persia: Les Sables Oubliés (DS) et Battles of Prince of Persia (DS)) parce que… c’est de la merde. À part peut-être la version GBA qui mérite éventuellement un coup d’œil.

Conclusion

Plus je rejoue à Sands of Time, plus je me rends compte que je n’avais pas bien mesuré à l’époque de sa sortie à quel point ce jeu est un chef d’œuvre. En terme de narration, en terme de progression et en terme de jouabilité. Alors oui, il n’est pas exempt de défauts, vous avez déjà pu les lire. Mais c’est vraiment un jeu exceptionnel.

Et je me suis également rendu compte que Warrior Within est un jeu excessivement pénible, notamment dans sa progression. Tout partait d’un bon sentiment, il y a d’excellentes idées dedans, mais la sauce ne prend pas et c’est le jeu qui m’a pris le plus de temps pendant la rédaction de cette archive. Pas parce qu’il est long ou difficile (même si il peut se révéler assez ardu sur certains passages), mais parce que sa progression est tellement lourde qu’il devient très difficile d’accrocher et de finir le jeu.

Et au final, Two Thrones, même s’il est relativement court en comparaison du précédent, arrive presque à concilier le meilleur des deux mondes : une narration correcte, une jouabilité bien plus affinée que les deux autres, mais sans les lourdeurs de Warrior Within.

La Trilogie dite des Sables du Temps vaut donc au moins le coup pour le premier et le dernier épisode. Il est possible de les récupérer sur Gamecube (ou PS2 ou Xbox) pour une poignée d’euros seulement (en moyenne un peu moins de 10€/jeu). Un remake HD est également disponible sur PS3 et permet de bénéficier de graphismes améliorés, du 720p, du 60fps, etc… Très probablement un bon investissement si vous voulez découvrir la trilogie dans des conditions de jeu optimales.


Par Mortal
Le 4 mai 2015 | Catégories : Editos

Je le couperai au montage…
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