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Nintendo, cette foutue compagnie de jeux que nous aimons tant
Un juge aux Etats-Unis a déjà dit ceci à propos de Microsoft : « Il apparaît très clairement que nous avons ici à faire à une compagnie pour laquelle la moralité compte très peu ». Fallait bien être juge pour réaliser ça, je ne m’en serais moi-même rendu compte.
Des trois grands manufacturiers de consoles, Nintendo est définitivement le seul à avoir une vraie vision, un idéal. Les trois ont chacun la même ambition à la base : Prendre (ou garder) la position de tête de l’industrie afin d’engranger une plus grande partie des milliards de dollars que respire l’industrie. Oui, même Nintendo a comme objectif principal de faire de l’argent.
Chaque compagnie a sa propre stratégie :
Et c’est là que nous en sommes aujourd’hui. Nintendo qui, de l’extérieur semble n’avoir aucune autre stratégie que de se débattre de toutes ses forces pour se maintenir la tête hors de l’eau. Avec toutes ces glorieuses années qui forment son passé, on pourrait s’attendre à ce que quelqu’un tende une perche ou lance au moins une bouée de sauvetage. Mais Nintendo paie encore (et paiera longtemps) pour la tête de cochon et les grandeurs d’égo de Yamaushi, le président maintenant à la retraite. Il a fait chier tout le monde, tout le monde prend maintenant plaisir à faire chier Nintendo. « T’as voulu jouer tout seul dans ta cour ? Ben sors de ta piscine à requins tout seul maintenant » semble dire un peu tout le monde à Nintendo.
C’est maintenant Nintendo qui fait la cour aux développeurs. Prête à accepter à peu près n’importe quel jeu sur sa console juste pour garnir sa librairie, Nintendo fait maintenant office de farce chez les développeurs et éditeurs. Faire accepter un jeu par Nintendo n’est même plus un défi (pas plus que ça l’est chez Microsoft d’ailleurs). Le vrai défi, c’est dans les bureaux de Sony qu’il est. Mais tout ceci est normal : Plus une compagnie domine, plus elle peut faire chier le monde.
Chez Nintendo, tout le monde est bien conscient que la compagnie n’est plus l’ombre de ce qu’elle a déjà été. Et ça attriste beaucoup de monde. Encore parfaitement alerte, le malade a bon espoir de guérir de son cancer pour revenir encore plus fort. Et on a des idées et des visions : Les jeux sont trop compliqués, pas assez accessibles, trop difficiles, etc. Et on promet déjà un plan (secret, une fois de plus) pour remédier à la situation. Dès l’an prochain, on nous promet une révolution, un produit qui garantira que l’industrie pourra sortir de sa morosité et éviter le désastre de l’ère pré-NES que tout le monde anticipe comme un désastre devant survenir à moyen terme.
Je n’y crois pas (ça fait longtemps que je ne crois plus aux mensonges de Nintendo, j’ai vu neiger), mais j’avoue que ça me plairait beaucoup. Travaillant depuis un an dans l’industrie, j’avoue que nous avons effectivement besoin d’une brise rafraîchissante. Au mois de mai dernier au E3, Nintendo n’a absolument rien montré. Que des suites, des suites et encore des suites. Ça peut vouloir dire deux choses : Ou bien Nintendo cache quelque chose à tout le monde et sortira seule, encore une fois, une bébête qui pourrait s’avérer miraculeuse. Sinon, ça veut tout simplement dire que Nintendo est a l’agonie et cherche comment sortir du trou.
Contrairement à ce que « prédisent » certains, j’imagine mal une nouvelle console dès l’an prochain (même si ça serait une excellente idée), pour la simple et bonne raison que c’est encore beaucoup trop tôt. Nintendo risquerait de perdre beaucoup de crédibilité, comme Sega en avait perdu avec la (très excellente) Dreamcast. Et si les développeurs s’attendent à recevoir de l’info sur la PS3 dès cet automne, on ne connaît toujours pratiquement rien de la prochaine console de Nintendo. Et en pratique, il faut un minimum de 12 mois après avoir annoncé au grand public qu’une console sortira. C’est le temps nécessaire pour produire un minimum de consoles et surtout, générer de l’enthousiasme chez les fans. Quoi donc alors ? Je n’en sais trop rien.
Allez, je vais me laisser fabuler un peu. J’aimerais voir un Super Mario RPG vendu avec une carte réseau ou un modem, au choix du consommateur. Ça serait une excellente façon de distribuer à grande échelle les outils de connectivité, et du même coup de prendre une position d’égale à Microsoft et Sony pour le jeu online. Et une fois partie, pourquoi ne pas lancer un adaptateur pour GBA qui permettrait de brancher le GBA à une prise réseau ou à un téléphone cellulaire qui permettrait de jouer à partir de n’importe où ? Avec une telle initiative, Nintendo se remettrait dans la même position qui avait fait de Pokémon un phénomène de société. Si Nintendo fait bien les choses, on pourrait même avoir droit à un grand monde virtuel extérieur, auquel les développeurs tiers pourraient brancher leurs propres jeux.
Pourquoi ne pas arranger le tout pour que, par exemple, chaque jeu branché au réseau contienne quelques niveaux cachés (disons 3 ou 4) qu’on pourrait débarrer en finissant d’autres jeux ? Par exemple, finissez Mario Sunshine avec toutes les étoiles (hehehe), et ça vous donne le droit de débarrer 2 niveaux, au choix, sur les jeux de votre choix. Etc.
Les possibilités sont infinies. Évidemment, je fabule, je dois prendre trop de drogue. Mais Nintendo DOIT faire quelque chose de plus révolutionnaire qu’un simple Mario 128, sinon la compagnie n’aura d’autre choix que de suivre le même chemin que Sega. Il faut absolument créer un phénomène social, qui sera facilement adaptable pour petits et grands. Un phénomène qui forcera les compagnies de jeux à développer des jeux qui seront différents sur Nintendo. Il faut donner une raison aux gens du peuple d’acheter du Nintendo, juste parce que c’est plus cool. Et surtout, il faut éviter de rivaliser directement avec les idées américaines de non-originalité auxquelles Microsoft et Sony s’accrochent et aiment tant. Nintendo n’a tout simplement pas de talent pour jouer à ce petit jeux, et, avec Pokémon, elle a déjà démontré que c’est possible de faire de l’argent avec des idées qui leurs sont propres. Reste juste à créer quelque chose que même les grands aimeront. Vous, vous aimeriez quoi ?
Par Phil
Le 2 septembre 2003 | Catégories : Editos
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