Nintendo History, acte II – Vers les jeux vidéo –
Nouvelle anecdote, un incident technique se déclare lors de la présentation, et le comptage des points est alors impossible. Genyo Takeda, récent employé qui a participé à la création du projet, part discrètement se cacher derrière un mur pour remplacer la machine censée compter les points. Personne ne remarque rien et le succès fut tel que le Laser Clay Shooting fait disparaître les salle de Bowling du Japon au profit du jeu de Nintendo.
La semaine dernière, nous nous sommes quittés dans les années 60, où, après un prestigieux passé de créateur de cartes à jouer, Hiroshi Yamauchi, PDG de Nintendo, commence à faire n’importe quoi en se diversifiant un peu trop. Avant de reprendre là où nous en étions avec Nintendo, il est tout de même nécessaire de passer par la création des jeux vidéo, qui se déroule aux Etats-Unis.
Et c’est justement dans ces années 60, que tout commence. Ces années où des personnalités telles que Nolan Bushnell, Steve Russel ou encore Ralph Baer débutent, dans l’ombre, sans que personne ne se doute de rien, à fonder un des plus incroyables loisirs du monde. Ce sont ces années là où apparaît Spacewar, créé par Steve Russel, ce basique jeu de tir qui instaurera des bases, bases qui serviront à des noms mythiques comme Space Invaders.
Mais avant d’en arriver à
Space Invaders et son incroyable succès, prenons en compte
Computer Space qui fut justement créé par Nolan Bushnell (nous reparlerons de lui plus bas), s’inspirant de
Spacewar. Et si ce dernier n’était qu’un basique jeu interactif sur les ordinateurs de Mattel, Bushnell, avec
Computer Space, créé ni plus ni moins le tout premier jeu arcade de l’histoire ! Ce titre sort en 1971, avec 1 500 bornes hideuses qui sont fabriquées, équipées d’un vulgaire écran sans couleur, 13 pouces. Mais pour cette tout première oeuvre, le bide fut complet. On attribue cet échec à la trop importante difficulté du titre pour un public qui découvrait alors les jeux vidéo.
Ralph Baer, dont nous avons parlé la semaine dernière, persiste et fabrique, pour Sanders Associates, le jeu sur télévision qu’il avait toujours rêvé de faire. Mais très vite, la célèbre société Magnavox achète les droits du jeu à Sanders. Quelque temps plus tard, en 1972, Magnavox fabrique l’Odyssey, branchable sur télévision. L’Odyssey est alors la tout première console multi-jeux de l’Histoire. La machine est dévoilée le 24 mai de la même année et commence à faire parler d’elle. Bushnell est alors envoyé par son entreprise, Nutting, pour jouer les espions : son objectif est de tester cette fameuse machine. Bushnell en arrive à la conclusion suivante : le produit est finalement mauvais et ne risque pas de créer une concurrence sérieuse…
Mais les ventes de
Computer Space n’arrivent toujours pas à décoller et Bushnell doit quitter Nutting. Seulement ce petit malin n’arrête pas les choses là, et fonde sa propre société, société qui se nommera Atari… Et en plus de l’échec de
Computer Space, on note la réussite de l’Odyssey, qui se vend à plus de 100 000 exemplaires malgré les prédictions de Bushnell. Seulement il y a une anecdote amusante à la réussite de l’Odyssey. Car beaucoup déduisent que le succès de la machine de Magnavox est due à la première création d’Atari. En effet, Bushnell et son équipe avaient créé, toujours en 1972, le premier jeu arcade à avoir du succès : le mythique
Pong. L’engouement autour de ce jeu est prouvé par une période de test, où Atari installe une borne prenant 25 cents par partie, dans un bar. Après deux semaines, à cause de l’excès de pièces de 25c introduites, la machine tombe en panne… Le rapport avec l’Odyssey ? Cette console propose un jeu similaire, et le public achète donc la console pour avoir "son
Pong" à la maison…
Revenons-en à l’histoire de Nintendo, le véritable sujet qui nous intéresse. Et c’est en 1969 que tout commence lorsque qu’une division jeux est lancée, répondant au nom de "Games". C’est ainsi que débute l’incroyable destin de Gunpei Yokoi, jeune employé de chez Nintendo, qui crée un jouet du nom de
Beam Guns Games. Suite au succès de l’engin, Hiroshi Yamauchi demande à Yokoi d’inventer quelque chose d’original pour les fêtes de Noël de l’année 1970. Yokoi crée alors un jouet qu’il nomme
Ultrahand, une espèce de main "électronique", genre totalement inconnu au Japon à l’époque. Le succès est énorme : pas moins de 1,2 millions d’exemplaires vendus. C’est le début de la carrière du père de la GameBoy, Gunpei Yokoi !
Par la suite, les nombreux gadgets électroniques de Yokoi continuent, avec entre autre l’
Ultra Machine qui projette des balles pour jouer au base-ball ou encore l’
Ultrascope. Dans le genre arnaque, il y a aussi le
Love Tester, machine qui permet de "mesurer" l’intensité amoureuse entre deux personnes. La machine répondait toujours positivement sur les relations, et ce fut un nouveau succès. Mais le vrai succès du moment reste le
Light Gun, toujours de Yokoi, version améliorée du
Beam Guns Games, qui s’est vendu à 1 million d’exemplaires.
Bourrés d’ambitions, Yamauchi et Yokoi vont jusqu’à utiliser le
Light Gun pour créer un véritable jeu grandeur nature, les prémices de nos actuels
Lasers Games. En 1973, Nintendo utilise des vieilles salles de Bowling pour installer tout un attirail technologique, permettant de faire une simulation de tir sur des pigeons d’argile. Nintendo présente alors aux investisseurs sa trouvaille, nommée
Laser Clay Shooting, tout en retransmettant la présentation à la télévision (une idée ingénieuse permettant de faire découvrir le jeu au public). Nouvelle anecdote, un incident technique se déclare lors de la présentation, et le comptage des points est alors impossible. Genyo Takeda, récent employé qui a participé à la création du projet, part discrètement se cacher derrière un mur pour remplacer la machine censée compter les points. Personne ne remarque rien et le succès fut tel que le
Laser Clay Shooting fait disparaître les salle de Bowling du Japon au profit du jeu de Nintendo.
En 1974 une nouvelle version de ce concept est lancée, du nom de
Wild Gunman, se basant sur une projection de film qui montre des cow-boys tirant sur le joueur. Armé de son pistolet, le joueur devait alors répliquer. Bref, le concept de
Time Crisis. La crise est présente au Japon, et Nintendo, avide de conquêtes, décide de lancer le jeu aux Etats-Unis et en Europe où, encore une fois, le succès se confirme. Quelque temps plus tard, en 1975, Yamauchi découvre le phénomène grandissant de compagnies comme Atari et Magnavox aux USA, et prend la décision de se lancer dans le jeu vidéo. Nintendo commence tout simplement par distribuer l’Odyssey de Magnavox au Japon. Mais très vite, Yamauchi se lance dans la création de ses propres jeux vidéo, à commencer par une alliance avec Mitsubishi qui va permettre la fabrication de la
Color TV Game 6 en 1977, toute première console de Nintendo. Cette machine toute simple, similaire à l’Odyssey, permet de jouer à un jeu du même style que
Pong, le plus grand succès du moment, sous 6 variantes, d’où son nom. Des millions d’unités vendues au Japon encouragent le président de Nintendo dans son choix : l’industrie du jeu vidéo lui ouvre ses portes.
En 1978, Nintendo se dirige sérieusement vers l’industrie du jeu vidéo avec notamment la
Color TV Game 15, puis d’autres jeux du même genre qui connaissent tous un succès très satisfaisant. Au mois de mars, Nintendo sort son premier jeu arcade, nommé
Computer Othello, simulation du jeu de société
Othello. Il en faut plus pour Yokoi, qui s’inspire alors du succès éclatant des calculatrices et des montres quartz pour en créer un dérivé dans le domaine du jeu vidéo : les célèbres
Game & Watch. C’est donc en cette année 1980 que Nintendo sort les premières
Game & Watch, où un certain Shigeru Miyamoto développe ses premiers jeux… Une nouvelle et longue page dont nous reparlerons prochainement…