Spaceworld après coup

la stratégie de se concentrer uniquement sur l’industrie des jeux vidéo se révélera à être la carte gagnante lors de la prochaine gué-guerre entre les trois grands (Sony, Microsoft et Nintendo)

NDLR: Le Spaceworld étant maintenant chose (presque) du passé, tout le monde a son mot à dire sur le maintenant fameux Gamecube. Certains sont déçus, d’autres débordent de joix. Ce texte, composé par Carl Pruneau (un ancien du NdojoFR), se veut le deuxième d’une longue série d’éditoriaux qui commenteront les décisions de Nintendo et le futur du GameCube. Bonne lecture!

Bien des choses ont changé dans les quelques derniers jours. La domination prévue par la Playstation 2 ne sera finalement et plus que probablement, une crainte non fondée.

Chacun des tech démos démontrés au dernier Spaceworld a vissé le futur de Nintendo plus profondément dans le ciment. Par un tour de force non habituel de la part de la compagnie nippone, tous les médias se retrouvaient rivés à l’écran sur lequel 128 Mario s’amusaient à se rouler par terre jusqu’aux abords d’une planchette Monopoly circulaire. La fiche technique impressionne, le choix du médium est judicieux et la stratégie de se concentrer uniquement sur l’industrie des jeux vidéo se révélera à être la carte gagnante lors de la prochaine gué-guerre entre les trois grands (Sony, Microsoft et Nintendo).

Allons extraire les éléments qui composent la situation actuelle nord-américaine.

L’histoire ne se répète pas, cela est évident, le champ sur lequel aura lieux la prochaine guerre commerciale entre ces trois compagnie émerge d’une situation unique. Sony remporte et de loin la compétition 32/64 bits suivit par Nintendo, bon deuxième, Sega ayant complètement foirer avec la Saturn. Aujourd’hui, la Dreamcast n’a toujours pas réussit à s’imposer sur les différents marchés internationaux à l’aube de la commercialisation de la nouvelle Bête de Sony Corp. Là s’arrête les ressemblance avec 1995.

Comme nous avons pu le constater, la GameCube est l’anti-N64. Comparée aux autres consoles de l’époque (1995), la N64 avait un certain avantage graphique, mais elle comportait de tout aussi importants désavantages qui l’ont confinée au deuxième rang. Mais voilà qu’en l’an 2000, cinq années plus tard, ce rôle est joué par Sony.

S’il est vrai que le succès spectaculaire de la Playstation 2 au Japon est en très grande partie dût à sa capacité de jouer les films DVD, le tout ne pourra pas se reproduire aux États-Unis et au Canada. Au printemps dernier, au Pays du Soleil Levant, les lecteurs DVD se vendaient à un coût faramineux et le japonais typique ne s’était pas encore procuré un magnétoscope numérique justement à cause de son prix trop élevé. La PS2, lorsqu’elle atterrit sur les tablettes des différents commerçants, coûtait de beaucoup en-deça de ce que Matsushita, Pioneer, Samsung et Toshiba demandaient alors pour cette technologie. Dans les quelques mois qui suivirent, le prix d’un lecteur DVD dégringola sérieusement pour faire face à la popularité grandissante non seulement de la PS2.

De l’autre côté du Pacifique, la situation est tout autre. Un lecteur DVD neuf peut être facilement trouver entre 100 et 150 $ US (de même qu’au Canada, entre 200 et 300$ CAN). Sony a déjà indiquer que le coût de la console sera supérieur à ces tranches de prix. De plus, l’engouement pour la technologie numérique est bien ancré ici et ce depuis 1999. Donc, la plupart des clients susceptibles d’acheter la PS2 pour sa fonction cinématographique possèdent déjà un DVD à la maison. Sony devra donc miser beaucoup plus sur l’aspect «jeux vidéo» de sa station multimédia et nous savons tous qu’elle n’a presque rien à offrir de très reluisant.

Les détracteurs de Nintendo ironiseront sur le choix d’un DVD modifié pour lutter contre le piratage et de ce fait, limité en espace. Pouvant contenir 1,5 Go, ce mini DVD est certes moins dense que ceux de la compétition (excluant Sega) mais en utilisant le système de compression audio MuSyX de factor 5 et la technologie S3 de compression des textures, un disque est suffisant pour n’importe quel type de jeux. Par contre, le faible système anti-piratage de Sony joue contre elle. Les éditeurs tiers ont perdus des millions de dollars en développant au Playstation et ne voudront certainement pas se faire jouer dans le dos de la même manière avec la génération du nouveau millénaire. Ces éditeurs seront donc plus enclin à vouloir publier leurs jeux pour la GameCube, comportant un médium moins simpliste à déjouer.

D’autres éléments sont aussi en faveur du Grand «N» dont la facilité de développer pour la GameCube face à ses concurrents ainsi que les franchises (cash cows) qu’elle détient. Ces deux derniers points ont, par contre, été maintes et maintes fois débattues sur le net et je m’interdis strictement toutes formes de radotage.

S’il est vrai que ce que vous venez de lire n’est qu’une observation des faits, la chose serait tout autre si Sony avait incorporé dans son système la capacité de faire les courses ou de passer la balayeuse.