La boucle de gameplay est simple et cool. Vais faire un test COVID pour clarifier cette perte de goût
- mecton qui lance Sonic Frontiers
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Switch : un an après, les casseroles des journalistes spécialisés
Cela fait un peu plus d’un an que la Nintendo Switch est sortie, et rencontre un succès énorme, aussi bien dans les ventes que dans sa côte d’amour auprès des joueurs (Put Everything on Switch !). Les copains du dojobar ont déjà discuté des raisons de ce succès, avec tout leur professionnalisme habituel, dans l’émission anniversaire de début mars. Parmi ces raisons, il y a notamment les jeux, ainsi qu’un concept super efficace, qui confère à la machine un aspect résolument pratique. On sous-estime souvent l’aspect pratique des objets technologiques, alors que c’est très important. J’y reviendrai.
Rappelez-vous : fin 2016, les joueurs deviennent fous à force d’attendre la révélation de la fameuse NX, qui n’arrive jamais. La tension est à son comble, les rumeurs se bousculent, ça parle de machine hybride et de manettes détachables. C’est le 20 octobre 2016 que Nintendo lâche enfin la vidéo de présentation tant attendue de leur nouveau concept, qu’il faudra désormais appeler Nintendo Switch. On pourra donc aller faire caca en continuant sa partie de Zelda : c’est la révolution.
Un peu plus tard, le 13 janvier 2017, une autre vidéo donne des détails supplémentaires sur la Switch, ses jeux, et sa date de sortie. A partir de là, Nintendo organise des événements dans le monde entier, pendant lesquels la presse et les joueurs peuvent mettre les mains sur la machine, et se faire un premier avis.
Pendant cette période, la presse spécialisée comme les joueurs commentent beaucoup la console, et certains s’amusent au jeu des pronostics. En effet, après l’échec de la Wii U, la Switch est extrêmement attendue, et son éventuel succès d’autant plus important pour la marque. Et c’est là qu’avec le recul, on peut constater que certains journalistes spécialisés ont fourni une analyse qu’on qualifiera de légèrement à côté de la plaque, pour rester poli. Évidemment, il est toujours facile de refaire le match après coup, et il est vrai qu’un tel succès a surpris beaucoup de monde. Néanmoins, un plantage de cette ampleur pour certains, pose inévitablement des questions sur la compréhension du marché du jeu vidéo et des joueurs, de la part de professionnels pourtant spécialisés. Comme on n’est pas là que pour se moquer (un peu quand même), je vais essayer de comprendre pourquoi au travers de quelques exemples significatifs.
Ah, les fameux voyants au rouge.
Depuis longtemps, Gamekult adopte une ligne éditoriale qui se veut intransigeante, avec des critiques plus sévères que la moyenne (note sur 9), la mise en avant des défauts, et un enthousiasme globalement tempéré. Sur la Switch, on peut dire que Puyo se lâche, avec l’approbation du reste de la rédaction. Au-delà du comique ridicule de cette séquence aujourd’hui, parmi la longue liste des défauts mis en avant pour rendre les voyants si rouge, j’en retiens particulièrement quatre :
J’ai du mal à comprendre comment on peut affirmer cela, avec un jeu de la trempe de Breath of the Wild. Bien sûr, il n’était pas encore sorti à ce moment-là, donc impossible d’avoir un avis définitif, mais sauf erreur, ils l’avaient déjà essayé. Comment ne pas ressentir au minimum qu’on avait affaire à un grand jeu ? Certes, ça ne fait qu’un gros jeu pour le lancement, mais quel jeu ! Quel autre line-up de lancement peut se targuer de fournir d’emblée le GOTY unanime ?
C’est vrai, l’autonomie était une inquiétude répandue et légitime, à l’époque. Force est de constater qu’aujourd’hui, tout le monde ou presque s’en tape. En fait, au quotidien, on n’est jamais très loin d’une prise de courant ou d’une prise USB pendant des heures. Et le dock fait qu’on recharge la machine naturellement.
C’est peut-être le plus gros échec de Gamekult dans cette séquence. Pas un instant, pas un, les journalistes n’ont perçu ne serait-ce qu’un tout petit peu, le potentiel de l’hybride, et la révolution qu’il représente en termes d’usage. Sans parler du côté modulaire et des docks détachables, toujours prêts à démarrer une partie à deux. Si aujourd’hui les joueurs veulent tous les jeux sur Switch, c’est avant tout pour cet aspect pratique et unique. Cette incompréhension du marché, ce décalage avec les joueurs, est problématique pour des spécialistes.
C’est vrai, la Switch n’est pas une tablette. Qui le regrette ?
Dans le Silence on Joue du 25 octobre 2016 (avant la prise en mains, donc), Erwan Cario et ses comparses commentent la 1ère présentation de la Switch. Citations :
– « les gens ont pas besoin d’un autre écran, les gens ont envie d’un bel engin entre les doigts »
[…]
– « quel est le besoin derrière ça ? »
– « il n’y a pas de besoin, les gens veulent jouer en HD sur un écran confortable »
[…]
– « les gens n’ont pas compris la Wii U entre autre parce qu’elle était complexe, mais là c’est encore pire ! Ils ont fait pire ! »
Petite astuce : lorsqu’un analyste commence une phrase par « les gens veulent », il faut se méfier. Encore une fois, on constate que les intervenants passent tragiquement à côté du concept de la Switch. Pas une seconde, ils ne perçoivent l’intérêt de pouvoir aller faire caca en continuant sa partie. Ils savent ce que « les gens veulent », et clairement, ce n’est pas une petite console qui ne fait même du 4K. « Il n’y a pas de besoin » pour ça. Pas de commentaire sur le prix ou le line-up dans cette émission, car ils n’étaient pas encore révélés à l’époque.
Je voudrais revenir sur l’intervention surprenante d’Erwan Cario à propos de la complexité du concept. Globalement, lorsque Nintendo a révélé la 1ère vidéo, la plupart des commentateurs étaient au moins d’accord sur la clarté du concept, à l’opposé de la triste présentation de la Wii U en son temps. Mais Erwan, lui, il a pas compris. Il se met donc à lire le communiqué de presse, sourire aux lèvres, en faisant mine de faire un effort énorme, et termine par « c’est encore pire que la Wii U ! ILS ONT FAIT PIRE !« . Désolé Erwan, tu es le seul à n’avoir pas compris.
Ce fut mon dernier épisode de Silence on Joue.
Mais à quoi joue la Nintendo Switch ? Refait-elle les mêmes erreurs que la Wii U ? [DOSSIER]
Chez Jeux-actu, on n’a pas beaucoup de réponses, mais on se pose plein de questions sur la Switch. Des questions souvent en rapport avec le spectre de la Wii U, qui n’est pas loin. Ce qui est bien avec les points d’interrogation, c’est qu’on ne mouille pas trop. Mais quand même, poser la question, c’est déjà donner un début de réponse. On retrouve dans cet article les principaux doutes de l’époque sur la machine : le prix, le line-up, l’autonomie, etc.
Fait notable : l’hybride, la principale force de la machine, est présenté avant tout comme « un risque ». Les compromis de design sont mis en avant (puissance, autonomie), ce qui est tout à fait légitime, mais en contrepartie, les avantages de cette approche sont largement minimisés.
Outre les critiques communes, il y aussi l’orientation casual / motion gaming de 1, 2 Switch, héritée des jeux Wii. Là je dois avouer que moi aussi, je pensais que c’était une erreur. Que les gens « ne voulaient plus jouer à ça », en 2017. On en a d’ailleurs débattu plusieurs fois sur le forum du dojo. Il faut bien avouer que ce n’était pas le cas, le jeu s’étant très bien vendu. Par contre, il semble que Nintendo ait vite abandonné ce type de jeu, pour orienter son offre casual vers autre chose : le Labo par exemple. Donc jusqu’à nouvel ordre, 1,2, Switch semble être une exception plus qu’une tendance dans la ludothèque de la Switch.
Enfin, l’article atteint le point NINTENDOOM, en se posant la même question que tout le monde se pose depuis toujours : « Un deuxième échec successif pourrait-il amener Nintendo, à l’instar de SEGA, à arrêter les consoles ? »
Malheureusement, Jeux-Actu se garde bien de donner la réponse, donc jetons un œil au Nintendo-mètre pour le savoir.
La console Switch, la nouvelle catastrophe industrielle de Nintendo
Alors celui-là, c’est une perle. Le Huffington Post n’est pas un média spécialisé, mais l’auteur de cette merveille, Laurent Amar, est présenté comme tel à la fin de l’article.
Alors comment dire. Tout dans cet article transpire un mélange d’incompétence, de mauvaise foi, voire d’anti-Nintendo primaire. Morceaux choisis :
« Nous n’évoquerons pas la Wii ou la Wii U dans cet article, elles sont la honte du jeu vidéo! »
[…]
« Le problème? La tablette en elle-même a au minimum cinq ans de retard sur les tout derniers iPad ou autres Surface de Microsoft! »
« Alors que les Smartphones aux écrans 4K de Samsung et Sony font leur arrivée sur le marché, Big N nous propose un écran à la définition maximale de 720 p, un retour en arrière d’au moins six ans. »
[…]
« Allez, une petite dernière, l’émulateur que l’industriel japonais surnomme pompeusement le dock possède des ports USB… 2.0 alors que la norme est depuis 2015 au port USB à transfert rapide 3.0. »
[…]
« Nous préférons nous arrêter là! Les joueurs feront l’acquisition, ou non, de cette machine ratée, bâclée, et une fois de plus, dépassée, comparée à la PS4 Pro et à la future Xbox Scorpio dont la sortie est prévue dans quelques mois. Mais pour nous, il en est hors de question; entre une PS4 Pro offrant des merveilles, telles que « Horizon: Zero Dawn » ou « Nioh » et cette Switch, l’affaire est vite réglée. »
Quoi ? « l’émulateur » (WTF) qu’on appelle « le dock » a des ports USB 2.0 et pas 3.0, et on ne m’avait rien dit ? Je file sur leboncoin !
Une perle je vous dis, plus proche du fanboy anti que du journalisme.
On peut trouver d’autres articles de ce genre dans la presse généraliste, comme celui-là, de Capital : La console Switch, nouveau flop en vue pour Nintendo ? Il y en a aussi bien sûr du côté de la presse anglophone, mais je vais m’arrêter là.
À la vue de ces articles, avec un an de recul, je dégage les points suivants :
À titre personnel, en tant que joueur portable, j’ai tout de suite été séduit par le côté hybride. Avoir pour la 1ère fois des jeux de salon sans la contrainte du canapé, j’ai trouvé ça génial dès la présentation. Globalement, je voyais la console rencontrer le succès, bien plus que la Wii U, mais pas forcément autant que la Wii. Après, je me suis aussi trompé sur plusieurs points : j’étais inquiet par rapport à l’autonomie, qui n’est finalement pas un problème. Le prix me semblait un peu trop élevé, mais là, encore, ce n’est manifestement pas un frein à l’achat. De manière plus personnelle, l’absence de d-pad me rebutait a priori, mais après avoir avantageusement fini The End is Nigh et Celeste à 100% aux boutons directionnels, je suis complètement converti : c’est plus précis qu’un d-pad traditionnel. Quant à 1-2 Switch, il a bien marché contrairement à ce que je croyais.
Finalement, les défauts que je trouve à la Switch aujourd’hui ne sont pas ceux auxquels on s’attendait alors : la place disponible des cartouches est un problème, ainsi que l’absence de backup de sauvegardes. Concernant les portages, trop nombreux pour certains, il faut bien garder à l’esprit que personne ou presque n’a acheté la Wii U, et de toute manière, la portabilité est souvent un apport suffisant pour (re-)passer à la caisse. Encore une fois, ne jamais sous-estimer le côté pratique d’un objet.
Mais mon avis, on s’en fout : je ne suis pas un journaliste spécialisé. Contrairement à eux, je ne suis pas censé apporter une analyse éclairée du marché, grâce à mon expérience et à ma maîtrise du sujet. En tant que joueur et lecteur de presse, on ne vous demande pas de tout prévoir à la madame Irma, mais d’avoir le minimum de pertinence nécessaire pour analyser un nouveau produit. En particulier de Nintendo, puisque c’est de ça qu’on parle ici. Quand on passe complètement à côté du principal avantage d’une nouvelle machine, c’est à la fois drôle, et un peu inquiétant, quelque part. Amis lecteurs du dojo (oui, tous les deux, là) pensez-y la prochaine fois que vous lirez l’analyse d’un professionnel, et n’oubliez pas la couleur des voyants.
Si c'est pas portable, c'est pas potable.Voir les articles de Tardigrade
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