[Edito] Electronic Arts : Nintendo et le Japon
Protz.
Cela fait quelque temps que la situation hors norme d’Electronic Arts, éditeur tiers leader, est acquise. Toutefois, depuis l’année bénite de 2003 et notamment l’énorme succès de Need For Speed Underground, EA n’a fait qu’enchaîner les baisses, et l’empire ne cesse de se fragiliser. Chute constante des Need for Speed jusqu’au récent Carbon qui se vend bien moins que ses prédécesseurs. Effondrement total de la série des Medal of Honor. Cictoire de plus en plus probante pour Pro Evolution Soccer face aux FIFA en Europe… En fait, seul les Madden NFL arrivent à se stabiliser, mais ce n’est là que le résultat d’une concurrence éliminé au prix d’un achat d’exclusivité de la licence. Bien sur, EA reste le numéro 1, et aussi bien la gamme EA Sports que les Need for Speed persistent à être une énorme source de revenue, sans oublier les quelques phénomènes tel que les Sims. Mais reste que la santé baisse là où la concurrence monte, tout comme les coûts de développement.
Alors bien sur, EA réagi, et la contre-attaque semble se mettre au point depuis quelques temps déjà, à l’heure cruciale de l’arrivée de la nouvelle génération. L’éditeur remet en question ses méthodes, et chamboule ses stratégies. L’utilisation des licences est calmée (abandon de la licence
James Bond, récent projet
Le Seigneur des Anneaux annulé) et de nouveaux horizons sont essayé, pour l’instant sans grand succès. Après avoir raté son coup au niveau du
GTA-like avec le bide tout autant commercial que critique du
Parrain, et le FPS avec
Black, EA tentera prochainement le
Skate, genre jusque là largement dominé par les
Tony Hawk d’Activision, l’un de ses principaux rivaux. Reste que dans le lot, il subsiste surtout deux objectifs tout aussi dur à atteindre que bénéfiques si la firme américaine y arrive : Nintendo, et le Japon.
Nintendo d’un côté, dont le succès de sa DS est définitivement établi face à une PSP qui parvient encore à se vendre mais dont les jeux, eux, marchent très mal. Avec en prime le potentiel grandissant de la Wii qui fait pour l’instant un sans faute commercial. Le Japon de l’autre, seul marché à ne pas être dominé par EA, qui d’ailleurs ne vend pas du tout là bas, comme n’importe quel éditeur occidental. En fait, la seule série occidentale qui parvient à se vendre là bas n’est autre que les
GTA, mais cela est le fruit d’un gros partenariat qu’a fait Take Two avec Capcom, ce dernier ayant particulièrement investi dans le marketing du jeu. Electronic Arts, l’un des rares éditeurs occidentaux à pouvoir distribuer soi-même ses jeux au Japon, cherche à faire les chose seul. Pratique ô combien plus difficile mais pouvant à l’arrivée rapporter gros. Reste qu’on dira ce qu’on voudra, EA met le paquet pour arriver à ses fins, et fait les choses intelligemment, d’abord en cherchant à coupler ces deux objectifs.
Il y a quelques mois, on découvrait l’annonce pas vraiment surprenante d’une version DS du jeu culte
Sim City. Ce qui était plus étonnant en revanche, était qu’Electronic Arts dévoilait son jeu via le magazine japonais Famitsu. Et depuis lors, EA n’a cessé de communiquer que sur la version japonaise du titre, qui sortira le 22 février prochain là bas, alors qu’on n’a toujours aucune information quant à la date de sortie du jeu chez nous. L’idée n’est pas idiote, le jeu ayant eu à l’époque de la Super Nintendo un important succès sur l’archipel, totalement oublié depuis. Le challenge consiste à faire revivre cet engouement, tout en profitant de la popularité du dit support. Ca ne risque pas d’être évident, mais EA pourrait bien réussir là une de ses meilleures ventes au Japon, ce qui n’est pas non plus énorme. Mais plus intéressant encore est la version Wii du phénomène mondial des
Sims. Ayant joui des méthodes de présentation similaire à ce
Sim City (diffusion d’images et d’informations via la presse japonaise et le site officiel uniquement en japonais, pas la moindre information sur une version occidentale) le titre surprend surtout par son design et son univers graphique, très SD et tranchant radicalement avec tous les
Sims existant à ce jour. Une vraie personnalisation du concept pour un public plus adapté à Nintendo : impossible de ne pas reconnaître une grande inspiration
Animal Crossing. Et ce n’est pas anodin, puisque le volet DS va bientôt devenir l’un des 10 plus grand succès de l’histoire du Japon. Et en fin de compte, c’est dans l’un des Famitsu de décembre 2006 que l’on découvre l’une des étapes les plus flagrantes de cette stratégie. Electronic Arts se paye en effet une page de pub du principal hebdomadaire JV japonais pour y faire une annonce de recrutement pour travailler sur des projets DS et Wii, confirmant ainsi le fait que EA cherche à créer un studio de développement interne basé au Japon, voué à travailler sur les consoles Nintendo.
Evidemment, le Japon ne fait pas tout, et EA montre également de l’intérêt pour Nintendo parmi ses studios occidentaux, en tout cas plus que du temps de la GameCube. Il y avait déjà la version Wii de
Madden NFL 07, développé par une équipe à part de EA Canada. Récemment, on a découvert que l’un des projets d’EA Big (
SSX,
Sports Street) était une version exclusive sur Wii d’un nouvel
SSX, nommé
Blur. Si tout indique que le jeu a été développé plutôt rapidement (il sortira en mars) et s’apparente plus à un spin-off qu’un vrai
SSX 5, il est important de noter qu’il s’agit du premier volet exclusif depuis
SSX (le 1), sorti uniquement sur PS2. Et d’après les quelques interviews qu’a donné le studio à la presse américaine, la maniabilité du jeu semble réellement bien pensée, et pourrait donner un résultat vraiment intéressant. Enfin, en novembre dernier, on apprenait l’achat du studio Headgate par l’éditeur. Pas vraiment surprenant en soit, cette équipe ayant toujours été très proche d’EA, en s’occupant notamment de la série des
Tiger Woods. Plus intéressant est la volonté d’EA d’en faire désormais un studio réservé à des créations de jeux Wii. Il y a quelques temps, même Criterion, le studio en charge des
Burnout avait confié son intérêt pour la console de Nintendo. Rien de vraiment concret, mais ils avaient sous-entendu quelques idées d’un
Burnout spécialement fait pour la Wii, même si pour l’instant, ils se concentrent uniquement sur
Burnout 5, qui sortira sur 360 et PS3. La voie de l’amélioration graphique restant l’évolution à la fois la plus évidente et la plus sûre pour l’instant, ce qu’on ne peut pas nier.