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Comme tous les trimestres, Satoru Iwata, PDG de Nintendo, a tenu une conférence avec les actionnaires de la société afin de présenter les résultats de la firme. Évènement riche en informations et graphiques sur l’industrie en général, on découvre une présentation de comment Nintendo cible son public afin d’y répondre le plus efficacement possible. C’est aussi l’occasion de bien se rendre compte des objectifs et des appréhensions qu’a la société sur ses résultats et son avenir.

Outre la manière de passer en revue le succès éclatant de son entreprise, Iwata a beaucoup évoqué le fameux cas problématique de l’effondrement des ventes japonaises. Bien qu’il n’ait pas dévoilé comment Nintendo comptait y remédier, c’est l’incidence possible d’une telle situation sur le marché occidental qui fut mise en évidence. Iwata commence ce sujet avec une question simple, le Japon serait-il un indicateur de l’avenir des ventes sur le marché occidental ? Après tout, le succès de la DS est l’exemple parfait d’un tel schéma : l’explosion des ventes de la console et le début du phénomène que l’on connait a démarré au Japon, avec la fin de l’année 2005 qui reste historique en termes de records de ventes. Ce phénomène est arrivé quelques mois plus tard en Europe, puis finalement en Amérique du Nord. Alors le problème mérite d’être posé : alors que le phénomène DS s’essouffle au Japon et que les ventes de la Wii s’effondrent, ne serait-ce pas judicieux de s’attendre à ce qu’une telle situation se produise également en Europe et en Amérique du Nord, pour l’instant loin de la situation japonaise ? Nintendo envisage au moins la chose, en espérant qu’ils ont conscience que le problème vient surtout du manque de gros jeux.

Analyse des publics américains et japonais

("Active user" : consommateur de jeux vidéo, "Sleep user" : personne ne jouant plus aux jeux vidéo, "Non-user" : personne n’ayant jamais joué aux jeux vidéo)



Une telle comparaison est toutefois à tempérer : comme le souligne Iwata, contrairement au cas de la DS, le phénomène Wii a démarré simultanément dans le Monde entier, et survit à merveille en occident. Aussi, histoire de bien démontrer que le marché est un peu plus complexe que ce bref résumé, Iwata a tenu à illustrer les divergences entre le Japon et l’occident. Pour ce qui est de la Nintendo DS, si on prend le ratio des ventes par rapport à la population, on atteint un pourcentage d’un peu moins de 10 % aux Etats-Unis et en Europe, tandis qu’au Japon, c’est plus de 20 % ! On peut donc facilement parler de phénomène de saturation dans le cas japonais, alors qu’il reste pas mal de marge en occident.

Il est aussi nécessaire de rappeler le cas japonais du "Gamers’ Drift" (littéralement "Dérive des Joueurs", comme le nomme Nintendo, ce problème suggéré depuis plusieurs années dans l’industrie japonaise du jeu vidéo. C’est le simple constat du public cible qui s’amenuise de plus en plus au Japon, ce public cible étant les adolescents et les jeunes adultes, alors que, rappelons-le, le Japon est un pays vieillissant, qui possède un des taux de natalité les plus faibles de la planète. Cette situation est à la base de la stratégie "casual" de Nintendo qui avait déjà cherché à trouver des solutions en jouant la carte de la nostalgie avec les Famicom Mini ou, plus récemment, la Virtual Console. Aussi, cette volonté d’agrandir le public potentiel reste la priorité de Nintendo, et vu le succès des Brain Training, Nintendogs et autres Wii Fit, il n’y a pas de raison que ça change. Ce phénomène est toutefois absent du marché occidental, et, puisque c’est l’exemple particulier que Nintendo a choisit d’utiliser, du marché américain. Ce dernier continue à se porter très bien, et selon les études commanditées par Nintendo, on apprend que malgré la réputation d’un pays très joueur concernant le Japon, le ratio des "sleep user" (personne ne jouant plus aux jeux vidéo, cf. graphiques un peu plus haut) dans la population américain est très bas, alors qu’il reste assez élevé au Japon.

Dernier détail important soulevé par Iwata, et qui met là encore en évidence les disparités Japon/occident : la répartition Nintendo/éditeurs tiers dans les ventes de jeux sur Wii et DS. Et si sur l’archipel, Nintendo monopolise très largement les ventes de jeux sur Wii, le ratio est bien plus équilibré en Europe et aux États-Unis. Notez tout de même que pour la DS, la situation a pas mal changé depuis le début de vie de la console et les tiers prennent une part de plus en plus importante même au Japon.

On finira avec ces graphiques sur les ventes de consoles en Europe lors de ce début d’année. On aura l’occasion de revenir sur ces données, mais on peut déjà constater les performances des consoles Nintendo, le boom de la DS cette année grâce à la Nintendo DSi, la petite baisse des ventes de Wii, ou encore à quel point la 360 et la PS3 sont au coude à coude en Europe.