Donc pour l’instant, c’est l’ex maître du Monde Electronic Arts qui nous importe, et comme on avait déjà pu facilement l’entrevoir avec les chiffres des précédents trimestres, le numéro 1 mondial est financièrement mal, très mal. Le compte-rendu final chiffre ainsi les pertes annuelles à un total de 1,09 milliard $, quand il y a 5 ans l’éditeur gagnait presque 600 millions $, ces pertes – record – font mal. Ce n’est toutefois pas pour autant que l’avenir s’annonce morose. Sur la seule période du dernier trimestre, de janvier à mars 2009, les pertes ont atteint "seulement" 42 millions $, ce qui, en comparaison des autres trimestres, du planning de sorties pas très important pour EA durant cette période, et surtout du fait que le premier trimestre de l’année calendaire est généralement synonyme de mauvais résultats pour l’ensemble des éditeurs, c’est plutôt encourageant. Mais il ne faut pas aller bien loin pour en chercher la raison, puisque c’est durant cette période que l’éditeur a réagit avec son plan de restructuration qui est principalement passé par la suppression d’environ 1100 emplois, ce qui n’est pas rien.

Pour ce qui est de la rétrospective annuelle, on constate malgré tout un "leadership", comme on dit à l’américaine pour faire genre, accentué. Alors qu’on pensait qu’Activision-Blizzard n’aurait aucun mal à devenir le nouveau leader une fois la fusion effective, Electronic Arts affiche une très bonne résistance dans ce domaine. Et même s’il faudra attendre encore quelques jours pour connaître les chiffres d’Activision et découvrir le fin mot de l’histoire, on était déjà surpris le trimestre dernier d’apprendre qu’EA restait leader sur la période novembre – décembre 2008, pourtant riche en blockbusters chez Activision. Ainsi, le Chiffre d’Affaire d’EA atteint donc 4,21 milliards $, le record historique absolu pour un éditeur tiers de jeu vidéo. Et EA de bomber le torse pour rendre l’année plus impressionnante encore : 31 jeux ont dépassé le million durant cette année fiscale, contre 27 l’année dernière. Et sans surprise, les meilleures performances viennent de FIFA 09, Madden NFL 09 et Need for Speed : Undercover qui se sont chacun vendu à plus de 5 millions dans le Monde. Quant à Spore, développé par les créateurs de Sim City et des Sims, il aura tout de même dépassé les 2 millions dans le Monde.

EA se plait ainsi à vanter sa diversité et les bons résultats de ses différents secteurs. Le fameux programme EA Partners qui plait tant aux développeurs indépendants et réunit des castings de rêve pour notre plus grand plaisir, affiche d’excellentes performances, évidemment grâce aux réussites de Left 4 Dead (Valve) et des Rock Band (MTV/Harmonix). Le premier Rock Band constitue même le plus gros C.A. d’un jeu unique de l’éditeur pour l’année fiscale, ce qui n’est pas si surprenant vu le prix astronomique du jeu et ses accessoires, et des excellentes ventes des morceaux téléchargeables. Le secteur online (qui comprend notamment la vente de jeux dématérialisés) a également augmenté de 27 % cette année, atteignant un C.A. de 429 millions $ cette année, tandis que le secteur des jeux sur téléphone mobile a lui augmenté de 24 % pour atteindre un C.A. de 189 millions $, une hausse qui peut facilement s’expliquer par le boom de l’iPhone.

Mais alors dans ce cas, comment expliquer les mauvais résultats financiers de la firme ? Il faut bien constater que si les Madden se maintiennent plus ou moins, et que les FIFA sont en légère hausse, les Need for Speed sont malgré tout en baisse, à l’image de la qualité de la série. Et hormis ces licences annuelles, les gros jeux de la société sortis pour la fin de l’année furent des échecs : on le sait, Dead Space et (surtout) Mirror’s Edge ont totalement raté leurs coups, et que dire du Warhammer, tentative d’affronter World of Warcraft qui a totalement échoué avec 300 000 joueurs 7 mois après la sortie du jeu, quand WoW en compte plus de 11 millions. On pourrait aussi citer les déboires de l’affaire du jeu Batman, une grosse source de revenue ratée vu le succès monstrueux du dernier film (deuxième plus gros succès de l’histoire des USA au box-office après Titanic), EA n’ayant pas réussi à finir le développement de son adaptation avant que Eidos récupère la licence (donc en plus du gros manque à gagner, il faut compter les coûts de développement et l’achat de la licence qui n’auront servi à rien), le rachat de BioWare qui n’a pas encore porté ses fruits, ou encore la tentative de rachat de Take Two qui a échoué. Rappelons aussi que si Left 4 Dead et les Rock Band furent de gros succès, EA a un rôle plus proche du distributeur qu’autre chose dans ces jeux, les véritables éditeurs de ces titres étant respectivement Valve et MTV Games.

Alors, quid de l’avenir ? EA a beaucoup évolué depuis son règne, et plutôt dans le bon sens. Le renouveau de la série FIFA, sallué par la critique, porte petit à petit ses fruits. Et d’une manière générale, on peut saluer l’investissement dans les titres originaux, bien que dans le cas de Dead Space et Mirror’s Edge ce ne fut pas vraiment une réussite commerciale. L’éditeur continue toutefois sur cette voie avec des jeux comme Dante’s Inferno et Saboteur. On peut également citer le fameux Brütal Legend, dont EA a récupéré le contrat d’édition après que Vivendi (l’ancien éditeur) ait lâché Double Fine (le développeur) une fois sa fusion avec Activision effective. En outre, l’éditeur s’active enfin pour relancer la série Need for Speed : une version Wii distincte des autres supports, et les versions PS3/360 dont le développement a en partie été confié à SimBim, la société suédoise reconnue comme l’un des meilleurs studios actuel pour ce qui est des jeux de simulation automobile, dont sa série GTR constitue la grosse référence PC.

Mais surtout, cette année 2009 devrait être marquée par les nombreux projets Wii que EA commence déjà à mettre en avant. Si l’éditeur a raté le lancement de la console, il devrait être visiblement aux premières loges pour réussir le lancement de Wii MotionPlus, avec deux de ses jeux qui bénéficieront d’un bundle avec l’accessoire dès sa sortie. A ce sujet, les Tiger Woods ont déjà droit à une deuxième jeunesse sur Wii, le prochain opus, grâce à l’accessoire magique de Nintendo, promet un beau succès. Quant à Grand Chelem Tennis, ambitieux projet plein de promesse, il peut potentiellement devenir une des plus grandes réussites commerciales de la console : le public attendant depuis longtemps une simulation de tennis complète après le phénomène Wii Sports, EA est le premier à sortir un tel jeu pensé pour la Wii, avec des graphismes adaptés, une maniabilité au Wii MotionPlus et un festival de licences qui inclut les 4 tournois du Grand Chelem ainsi que la présences de légendes du sport en question. Et comme si tout ça ne suffisait pas, il y a aussi le projet EA Sports Active, encore assez mystèrieux mais qui se place clairement comme le Wii Fit-like le plus prometteur (commercialement).

Tout ça couplé avec des valeurs sûres comme Les Sims 3 et le nouveau Harry Potter, ainsi que Fight Night 4 (le troisième volet fut un gros succès aux Etats-Unis) ou encore le Mass Effect 2 en provenance de BioWare, devraient assurer une prochaine année fiscale plus réussie. La prévision pour le C.A. de l’année fiscale 2009-2010 se situe entre 3,7 et 3,85 millions $, soit un peu moins que pour cette année. Rendez-vous dans environ 3 mois pour le compte-rendu du premier trimestre fiscal, d’avril à juin, trimestre particulièrement important pour la société, puisque comme vous pouvez le voir ci-dessus, il est pas mal rempli en grosses nouveautés.