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La « fin » de Disney Interactive ?

Résumer Disney aux simples dessin-animés de notre enfance serait une grossière erreur. Si la société constitue bien l’un des producteurs de films les plus importants au Monde (rien qu’en comptant les Pixar et les Pirates des Caraïbes on a une part importantes des plus grands succès de ces dernières années), c’est surtout dans sa globalité […]

Résumer Disney aux simples dessin-animés de notre enfance serait une grossière erreur. Si la société constitue bien l’un des producteurs de films les plus importants au Monde (rien qu’en comptant les Pixar et les Pirates des Caraïbes on a une part importantes des plus grands succès de ces dernières années), c’est surtout dans sa globalité l’un des groupes de média les plus puissants de la planète, propriétaire de filiales renommés, tel que le réseau télé ABC ou l’éditeur de comics Marvel. Aussi, quand la société se décide, il y a quelques années, à se lancer sérieusement dans le jeu vidéo, ça ne surprend pas grand monde. Mais toute cette orientation sérieuse pour devenir l’un des poids lourd de l’industrie est sur le point de se terminer.

Résumons d’abord l’histoire de Disney Interactive pour avoir une idée précise de l’ampleur de la situation. A l’origine, ce n’est qu’un petit éditeur qui produit quelques titres pour enfants qui sont peu présents dans la presse et se vendent peu. La politique historique de la société visant à vendre ses licences à d’autres éditeurs (le cas le plus célèbre reste celui de Capcom) est alors toujours en vigueur. A partir de 2003 la division interactive commence à parler d’ambitions plus sérieuses et choisi d’abord de changer de nom pour prendre celui de Buena Vista Games afin de prendre de la distance avec l’image enfantine du nom Disney (on reviendra finalement bien vite à Disney Interactive).

C’est à partir de 2005 que tout s’accélère : rachat du studio Avalanche d’abord, sous-traitant basique qui sera amené à travailler sur les adaptations de films d’animation de la société (dont récemment Toy Story 3), mais surtout la création du studio canadien Propaganda Games, fondé par des anciens d’EA, l’achat du moteur Unreal Engine 3 pour ce même studio, puis en 2006 l’achat du studio Climax Racing. Propaganda débute sur le retour de Turok, licence racheté par Disney depuis la mort d’Acclaim, pour s’occuper ensuite de jeux à licences plus typiques de Disney, mais sur une politique ambitieuse éloignée des standards de la sous-traitance avec l’adaptation de l’univers Pirates des Caraïbes (pour vous donner une idée). Climax Racing devient Black Rock Studio et réalise les jeux Pure et Split/Second, des succès critiques. En 2007, on apprend enfin le rachat du studio de Warren Spector, créateur devenu célèbre depuis Deus Ex, Junction Point, qui travaillera sur Epic Mickey.

Depuis, c’est petit à petit devenue la descente aux enfers qui s’est particulièrement accélérée en 2010. Première restructuration début 2009, qui inclut notamment 35 employés licenciés chez Propaganda. Rien de réellement alarmant à l’époque : on est encore en période de début de crise, et cela reste faible en comparaison de ce qui se passe chez d’autres éditeurs. On apprend tout de même qu’un projet de suite pour Turok est annulé et que le studio se consacrera finalement à des adaptations de licences Disney, dont Tron. Vers le milieu de l’année on apprend le rachat du studio Tapulous, spécialiste de jeux pour iPhone, puis c’est finalement fin juillet qu’arrive un élément décisif : le rachat de Playdom. L’un des studios les plus important dans l’univers de ce qu’on appelle le social gaming.

Car si le succès de Nintendo était le changement le plus important dans l’industrie il y a quelques années, aujourd’hui c’est Facebook qui a tout bouleversé. A une époque où le créateur de Farmville fait de l’ombre à un géant comme Electronic Arts, Playdom devient une cible privilégiée pour Disney qui n’hésite pas à débourser 563 millions $ pour le rachat, en comptant 200 millions supplémentaires mis de côté si les objectifs fixés sont atteints. C’est exact, presque 800 millions $ pour une société qui réalise des jeux en 2D jouables sur navigateur. Mais ce n’est qu’en novembre dernier qu’on apprend à quel point cela va grandement influencer l’avenir de Disney Interactive. Le PDG de Disney explique alors la volonté de concentrer la division interactive vers le social gaming et d’abandonner les consoles de jeux. Chose faite : le responsable de la division, Graham Hopper, qui était l’architecte des ambitions de la société dans le jeu vidéo, est remercié, pour être remplacé justement par le président de Playdom.

Entre temps, le projet de Pirates des Caraïbes en développement de Propaganda a été annulé, parce qu’il ne correspondrait plus à l’image que souhaite véhiculer la société. Environ 100 employés du studio sont licenciés. La semaine dernière, on découvrait sans grande surprise que le studio était fermé. Et hier, on apprend que c’est le studio de Warren Spector qui subit également une vague de licenciement, malgré le succès de Epic Mickey (plus d’1,3 millions d’exemplaires vendus rien qu’aux Etats-Unis et uniquement pour le mois de décembre).

Mais ce n’est pas tout, selon des sources de Gamasutra, c’est plus de la moitié des 700 employés de Disney Interactive Studios qui seraient licenciés. La situation est telle que quand Gamasutra a souhaité obtenir une déclaration d’une porte parole de la société, cette dernière n’a pu s’exprimer, expliquant avoir elle-même été mise à la porte. La seule certitude actuelle, reste que Junction Point, malgré les licenciements, ne sera pas fermé, et que Warren Spector reste pour l’instant un employé de la firme.

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